mardi 11 novembre 2008

"On est là !"

Apres un long silence... voici quelques images réalisées ces derniers mois :













lundi 29 septembre 2008

"Bénin, 2059"

Ouverte depuis 2005 à Cotonou au Bénin, la Fondation Zinsou est un espace contemporain, de rencontres, de créations et d'expositions. Après avoir rendu hommage au peintre Jean-Michel Basquiat, exposé le photographe malien Malick Sidibé, ou encore l'artiste béninois Romuald Hazoumé, la Fondation ouvre aujourd'hui ses portes au futur, avec l'exposition intitulée "Bénin, 2059".

















Quelques artistes béninois ont été choisis afin de donner leur vision du Bénin dans 50 ans... Parmi eux, Tchif, Aston, Gérard Quenum, Zinkpè, Romuald Hazoumé, Edwige Akplogan, mon ami Hector Sonon... Guy-Ernest Kaho et moi !!!

Ensemble, Guy et moi, nous avons inventé "Petit-pays", un conte illustré pour les petits... et les grands !
Guy-Ernest Kaho (comédien et écrivain béninois) a construit ce "Petit-pays", ses personnages et son intrigue par de savoureux mots, quant à moi j'ai pris beaucoup de plaisir à les illustrer ! "Petit-pays" est un conte des temps modernes, notre vision du Bénin dans plusieurs années, une leçon écologique en soit !

Je vous laisse découvrir l'exposition des illustrations de "Petit-pays" à la Fondation Zinsou.

Pour ceux qui sont dans le coin, l'exposition aura lieu jusqu'au 4 janvier 2009, des lectures du conte par Guy-Ernest Kaho sont prévues dans "Petit-pays" . Sisi !! "Petit-pays" existe vraiment, il a été construit dans quelques mm2 à la Fondation Zinsou, on peut même s'y promener !





















... et pour ceux qui sont loin, l'album devrait bientôt voir le jour avec son CD audio !

www.fondation-zinsou.org

jeudi 25 septembre 2008

"Petit-pays"

Fin septembre ! Enfin des nouvelles fraîches... très prochainement, je vous le promets !
Je reviendrai sur quelques papiers abandonnés, je finirai mon récit de cet été, je vous le promets...
La rentrée fut pleine de projets, de travail, de rencontres, d'où mon absence ces derniers temps...

En attendant "Petit-pays" (une surprise) ... en voici un avant goût, une petite illustration :

mardi 29 juillet 2008

Mon livre

(en construction)

Cotonou, je te quitte



Illustration réalisée pour le Centre culturel français de Cotonou.
http://www.ccfcotonou.net/

lundi 28 juillet 2008

Un bel été



... je vous souhaite à tous un bel été... je poursuis aussi ma route, et promets de vous donner des nouvelles encore, en mettant à jour les derniers papiers.

A très bientôt !
Karine

Le Grand Retour

CTS. Compagnie bunker. Un char d'assaut. Avec ses vitres teintées, son moteur rugissant, son pare-buffle j'avais au plus profond de moi prié un dieu que je connaissais pas. Un car accaparé par des nigérians furieusement sauvages. Je n'en revenais pas. J'étais choqué au plus profond de moi. Les gens se piétinaient, se bousculaient. Le jour était en train de poindre. Je perdais patience devant toute cette dispersion et négligence humaine. Nous nous regardions avec Hector indignés. Le mot est faible. Je ne porte aucun jugement de culture à ces hommes et femmes rencontrés aujourd'hui mais j'ai peur devant tant d'agressivité, de sauvagerie, de barbarie. Le chaos continue dans le bus. On palabre. On crie. On s'égosille pour recouvrir le verbe du voisin. On s'agite pour trouver sa place. Le blanc. Le blanc. Voilà comment je suis appelée parmi cette bande de mâles inintelligibles et violents qui m'entoure. Les cinq femmes présentes ne sont pas mieux. Hector est là. J'inspire. J'expire. Je voulais descendre. Partir. Le car démarre par saccades pour s'élancer furieusement sur la piste. Je m'enfonce dans le siège pour disparaître. J'ai peur. On roule vite. Trop vite. Son klaxon intempestif jette à tout va des notes de playstation. Un frisson me parcourt le dos. Je faisais partie d'un mauvais film. Babel ou une prise en otage d'un car blindé par des rebelles. Rester en paix.

... a suivre d'ici une petite heure... !

dimanche 13 juillet 2008

Le Grand voyage

Je vous écris d'un (autre) pays lointain : le pays de Thomas Sankara, celui des hommes intégres : le Burkina Faso.

Je profite des chaudes rues de Ouaga, de ces 6 mètres dorés (c'est ainsi que l'on nomme les rues ici), et de l'espace culturel Napam Beogo qui nous a chaleureusement accueilli ces derniers jours, pour vous écrire.

Une coupure, une bouffée d'air... laisser dans sa poche Cotonou la polluée et la grise pour Ouaga la paisible, l'ocre. Ahh ! Que de bonheur ! Partir. Partir pour un grand voyage. Un grand voyage que nous n'avions pas vraiment préparé. Je dis NOUS car cette aventure au Burkina nous l'avions rêvé à deux, Hector et moi. Autour d'un carnet de voyage à quatre mains. C'est ainsi que nous sommes partis ce mercredi 9 juillet, avec crayons taillés, aquarelle, encre de chine et carnets de croquis. Partir pour dessiner ou comment se faire rencontrer deux cultures graphiques et humaines.

J'ai bien cru que nous ne partirions jamais ! Je revois encore Hector et Thierry sourirent devant mon impatience, alors que déjà en retard pour prendre le bus à Ganhi, le pneu de la voiture de Thierry a crevé... Arrivés tant bien que mal à la gare routière non sans trop de retard... nous nous annoncons un retard de 3h !! Le bus était resté dans un embouteillage à Lagos au Nigéria... Nous partirons 8h heures plus tard, à 4h du matin, une flag dans le ventre et des cernes sous les yeux. Voilà l'Afrique, ... et son "imprévisible" ponctualité !!



très bientot la suite !!

lundi 23 juin 2008

Sur le fil...

Très prochainement !

vendredi 20 juin 2008

Haïku togolais

Perché tel un haïku sur une branche de cacaotier du pic d'Agou, Prosper la main verte règne sans partage sur un royaume évanescent et délicat.








Ce royaume, détrompez-vous, n'est en aucun cas semblable à ceux des rois Ghezo ou Glélé à Abomey au Bénin. Son royaume n'est pas fait du sang des captifs égorgés. Non. Son royaume n'est pas fait de ce sang, mais peut-être de ce rouge que l'on prendra soin d'appeler "teck". Cette feuille de teck qui donne au papier crème de mon moleskine une couleur si terreuse, âcre, un rouge sang séché. Prosper aux doigts pigmentés connaît les moindre recoins et secrets des montagnes qui l'entourent.
Nous sommes à Kpalimé, plus précisément au mont Kloto au Togo.
Pour y accéder, une petite route de montagne grimpe, telle une liane à flan de colline, à travers une forêt tropicale luxuriante. C'est ce terrain de jeu qu'explore Prosper depuis des années. Prosper est entomologiste. Ses découvertes sont épinglées aux murs de son auberge. L'auberge "Les Papillons" aux murs ocre et bleu cyan est un véritable laboratoire des sens. Des promenades de Prosper ne subsistent que les verts tendres, les noirs anthracites, les bleus lagons ou encore les jaunes arangana de madagascar des délicates ailes de papillons qu'il collectionne et des pigments naturels qu'il glane. C'est un monde riche, surprenant et pétillant qu'il nous fait découvrir. Prosper. Une âme d'enfant dans un corps élancé et charnu. Un prénom épicé. Des doigts d'argent pour recueillir la sève des plantes les plus grasses et les transformer en pigments. Des pigments naturels qui sous la pression du pouce et de l'index se transforment en une pâte épaisse et colorée. Une sorte de gouache prête à l'emploi. Un peu d'argile et de jaune d'œuf pour lier le tout. Une feuille de bananier comme support. Prosper marche. Prosper glane. Prosper collecte. Souvenez-vous de lui. Un treillis vert kaki jusqu'au nombril. Des ranchers noires au bout de ces deux longues jambes. Au dos un petit sac d'écolier Chipie jaune et bleu, et un filet à papillons.

Prosper cet homme poétique et énigmatique, ce haïku togolais.

jeudi 12 juin 2008

"Je vous écris d'un pays lointain" (5)

Quotidien FRATERNITE N°2112 du 12 juin 2008 - CULTURE - p9

Je ne pouvais décidemment pas passer à côté de cet article sans vous l'envoyer et le partager avec vous !
Un article dans le journal, sur mon travail ! Bon d'accord ce n'est ni
Le Monde, ni Libé... mais quel article !! ...
Un quart de page en bas à droite. Lui faisant face : le " cv détaillé de Me Robert Dossou " dans la rubrique ACTUALITE - p8... la classe ! Nous apprendrons par ailleurs que Me Robert Dossou aime le jeu de dame et la natation ! De parts et d'autres, un article sur Petit Miguélito, la star montante de la scène musicale béninoise " Je n'ai été à aucun moment arrêté ", la parution d'un livre sur notre bon cher président, j'ai nommé le Docteur Boni Yayi (... enfin je voulais parler du président des béninois...), et un article sur Simon Soha, artiste de son état. Voilà donc un article rudement bien réfléchi qui a été rédigé à propos de mon expo au CCF. Un article dont les mots imprimés me semblaient singuliers. Une répétition. Replay. Bis. Du copier-coller quoi ! Un copier-coller de l'article que j'avais moi-même écrit, avec mon collègue, dans le programme du CCF... Vive la presse béninoise !

... et bonne année !

"Je vous écris d'un pays lointain" (4)

Sur la chaise marron-plastique à côté de mon bureau, Guy-Ernest KAHO, s'est dévoilé, à livre ouvert, un matin.
Je le connaissais clown (depuis peu), acteur célèbre, comédien... et ce matin-là nous avons parlé poésie. Dans mon bureau. Tout était calme et paisible autour de nous. Nous avons échangé images poétiques contre littérature. Une belle matinée.
Quatre mois plus tard, Guy-Ernest m'écrivait un texte sur l'ailleurs.
Prélude au vernissage. Lecture.
Révérence à cette artiste à la voix pétillante et suave.

" Je vous écris d'un pays lointain "

Je vous écris du bout du monde
Je vous écris d'un pays lointain
D'un pays qui pouvait
Si le vent l'avait
Voulu
Etre le mien
Le vôtre aussi
En fait
Malgré les apparences
Nous sommes
Tous
Rameaux verts du même palmier
Feuilles vertes de l'Arbre du monde
Et souvent
L'Arbre tremble
Et les rameaux
Et les feuilles
Tombent
Et le vent
Pour les libérer
Peut-être
Les emporte
Où il veut
Les disperse
Comme il peut
Toujours est-il
Qu'à l'atterrissage
A cause du temps
Du voyage et du dépaysement
Les feuilles que nous sommes
Oublions
Avoir été feuille
Parmi d'autres
Feuille d'un arbre
Dont nous avons
Abondamment bu
La sève
Nous oublions même
Avoir connu et vécu
Avec celles et ceux qui
Aujourd'hui
Nous accueillent dans
Tous les pays lointains
Du monde
Mais quand le dépaysement passe
L'on se souvient
L'on se souvient même
Des détails de ce qu'on
A vécu dans cette vie là
Seul ou ensemble
Avec les autres feuilles
Sur les branches, à suivre
Par exemple les concerts des
Oiseaux qui passaient
Et quand on se souvient
On partage n'est-ce pas ?
Moi j'ai mes souvenirs, mes rêves
Mes délires mes rires mes murmures
Mes hurlements même
A partager
Et je sais
Je sais que vous auriez
Aimé que je vous les chante
Que je vous les danse ou que
Je vous les peigne
Mais pour le moment
Vous me permettrez
De vous les dessiner, de vous
Les écrire et de vous les
Poser là dans ce hall
En attendant
L'Autre prochain
Lointain
Pays
D'où encore
Je vous écrirai

Bonne année

Guy-Ernest KAHO

... merci Guy !

mardi 3 juin 2008

Café littéraire

Carton d'invitation que j'ai réalisé pour un café littéraire au Centre culturel français, sur le premier roman de Wilfried N'Sondé, auteur d'origine congolaise.
Prix des Cinq Continents de la Francophonie 2007.

lundi 26 mai 2008

"Je vous écris d'un pays lointain" (3)

Voici quelques photos de l'exposition :







... du vernissage...



... et surtout un grand merci à eux :

samedi 24 mai 2008

"Je vous écris d'un pays lointain" (2)

(Carton sérigraphié en quatre couleur)

Voilà....
C'est avec beaucoup de plaisir que le directeur du Centre culturel français de Cotonou, et moi-même, vous présentons l'exposition " Je vous écris d'un pays lointain". Un petit inventaire illustré de cet ailleurs que je vis au Bénin depuis près d'un an (sérigraphies, collages, dessins). Une fenêtre sur mon univers graphique où se croisent et s'entrechoquent dessins, palabres, humour, légèreté,ratures, collages, bulles, ponctuation, voyages, papiers jaunis, poésie et photocopie…

Faute de ne pouvoir vous inviter à nous rejoindre au Bénin, je vous propose quelques photos de l'exposition, dont le vernissage s'est tenu hier, dans la rubrique petites images, très prochainement !!

A bientôt,

Ps... tout est vendu !!

lundi 5 mai 2008

"Je vous écris d'un pays lointain" (1)

Je vous écris d'un pays lointain depuis près de 312 jours... 312 jours dans un pays lointain, dessinés de hauts, de bas, de pleins et de déliés. Des jours à vous dépeindre cette existence lointaine que je respire à plein poumon. Je bois et j'inspire tellement ce que je vis dans ce pays lointain... que l'inspiration ne vient plus pour vous souffler ces précieux instants. Je reviens. Je reviendrai. J'ai décidé de prolonger ce bonheur si vite passé pour revenir poser ma valise le jour où le froid aura de nouveau envahi l'hexagone. Octobre. Octobre. Cela me laisse donc quelques beaux jours pour reprendre mon crayon et vous écrire de ce pays lointain... avec, à nouveau, plus de sérieux !



Ce pays lointain, cet ailleurs, j'y travaille depuis plus de trois années. Aujourd'hui je vie, j'explore cet ailleurs.



Si les mots m'ont manqué ces derniers temps, c'est qu'ils avaient besoin, sûrement, de se poser ici. Ici dans ce carnet. Carnet de recherches. L'ailleurs. Tome 2.



Tome 2. Le Tome 1 se prénommait Arbre à palabre. Il s'agissait d'un projet sur "l'ailleurs rêvé et l'exil vécu". Une suite de rencontres à Amiens, Paris et Bamako illustrées, filmées, entendues et rassemblées au creux de quelques pages.
Et puis cette envie si présente et si pressante de vouloir partir aussi. Vivre cet ailleurs. Se déraciner. Partir en Afrique pour comprendre. Etre au plus près de ceux que j'avais cotoyé au collectif de sans-papiers à Nancy. De ceux que j'avais rencontré tout au long de ce périple graphique qu'était l'Arbre à palabre. Qu'est Arbre à palabre. Puisque je lui ai donné un second souffle en arrivant ici par le biais de ces quelques pages numériques.



Le Tome 2 se nomme donc "Je vous écris d'un pays lointain".
Il est déjà dans ce carnet... et verra le jour très prochainement au Centre culturel français... c'est une surprise !
Je ne vous en dis pas plus.

jeudi 1 mai 2008

Quartier latin

mercredi 16 avril 2008

Saint Michel



vendredi 28 mars 2008

Sans commentaire.

samedi 22 mars 2008

Fragment de palabres (3)

" BÉNINOISERIE "

Petit papier en cours de rédaction !!

vendredi 14 mars 2008

Sobebra


Une fois de plus alitée à cause d'un moustique malveillant (mais je vous rassure tout vas bien !), je profite d'un peu de ce temps pour vous écrire un petit papier sur l'une des boissons les plus consommée en Afrique : la bière. Grande frustration pour moi de ne pouvoir la consommer actuellement, mon foie me l'interdisant pour raison de prompt rétablissement !
Sobebra est le plus grand diffuseur de boissons (Possotomé-eau minérale-, bières, sucreries, etc.) dans le pays. Il existe plusieurs dépots par quartier. En effet, la majorité des boissons sont consignées. Ainsi, la plupart des habitants possèdent leur propre casier qu'il leur suffit de remplir lorsque les boissons de celui-ci sont terminées. Eku, La Béninoise, Flag, Castel Beer sont les principales marques de bières. Il existe dans le nord du pays une bière locale appelée tchoukoutou (bière de mil fermenté). J'ai eu l'occasion de la boire lors de mon voyage à Natitingou, dans ce que l'on appelle, là-bas, au nord : des cabarets. Construits de façon circulaire, il s'en évapore souvent de subtiles odeurs d'alcool. On y fabrique la "tchouk". On la consomme au creux d'une calebasse.
Outre les bières donc, beaucoup de sucreries. On appelle sucreries toutes les boissons sucrées et gazéifiées. D'ailleurs elles le sont toutes. Fizzy pamplemousse, Fizzy cocktail, et bien évidemment Coca-Cola, grand dieu américain de la sucrerie qui règne sans partage sur le continent noir. De rare fois, et c'est avec grand plaisir, nos estomacs consomment du jus d'ananas appelé Tiana, Junanas ou encore
Junatas !!

Hevioso

Il me faut vous présenter Hevioso. Hevioso, dieu du tonnerre. (Prononcez "Réviosso")


Depuis quelques jours la saison des pluies a repris, après un harmattan frais et quelques grosses chaleurs avoisinant les 40° C. Revoilà la saison des pluies.
Je l'imagine un peu comme la mousson en Asie.
Au loin, les nuages s'épaississent, noirs, agglutinés, bouillonnants. Souvent, on peut les voir s'approcher avec violence. La rapidité avec laquelle ces nuages voraces mangent l'horizon, ne nous laisse qu'une fraction de seconde pour nous abriter sous une paillote, un maquis, un bout de tôle. Les plus malchanceux se retrouvent humides, trempés jusqu'aux os, en très peu de temps. Les zems glissent. L'eau inonde les vons, les habitations, notre être tout entier. Un grondement. Hevioso. De violents éclairs fusillent le ciel pour fendre la terre quelque part. Puis, souvent, l'obscurité. Parfois, le soir, la ville semble plongée dans les ténèbres. Les lumières de la ville ne sont plus. Seuls, les éclairs, tel le néon défectueux de ma chambre, éclairent par intervalle cette noirceur si terrifiante. Un éclair, là, de l'autre côté du mur. Un grondement, terrifiant. Je tremble. Hevioso me fait véritablement peur. Hevioso est vivant. Scotchée au canapé, j'attends. J'attends son départ. J'attends pour pouvoir enfin essorer les torchons ayant absorbé l'eau transpirant, dégoulinant des fenêtres.

lundi 3 mars 2008

Quartier lointain

Je décide de partir en pèlerinage chez Hector, à Cocotomey pour avancer sur mes projets. Partie de Cotonou à 8h45 pour ce quartier lointain, j'y découvrirai un hâvre de paix. Derrière moi, le pavé pollué. A ma droite, un chemin en terre où je retrouve Hector. Je laisse ma voiture pour continuer à l'arrière de sa moto. Je laisse ma voiture pour pouvoir emprunter plus facilement un chemin qui se fait de plus en plus sinueux, de plus en plus étroit, de plus en plus verdoyant. De verts palmiers semblent surgir de la piste rouge poussière, des manguiers, de hautes herbes folles, de nombreuses marres châtoyantes aux milles nénuphares… un ailleurs, enfin ! Un péage informel, tenu par deux habitants, est marqué par trois bouts de chambres à air noués entre deux palmiers. Les 50 fcfa pour entretenir le passage mettront fin à notre Paris-Dakar.

Beaucoup plus loin, la maison d'Hector. Un petit mur en béton et quelques arbres clairsemés délimitent sa propriété. Dans la cour je remarque tout de suite le manguier sous lequel semble assoupi un joli salon de jardin en bois. Je me sens bien. Une sorte de quiétude plane dans ce quartier. Quelques aglots disposés à l'entrée servent d'escalier pour entrer. Allongé, le salon dans sa plus simple modestie, dégage beaucoup de chaleur. Les briques en béton du mur sont encore apparentes, quelques poutres en bois soutiennent un toit en taule. Je découvre entassées sur une étagère quelques bandes-dessinées outre-temps, poussiéreuses. Dans le fond, sur un meuble en bois, quelques trophées et diplômes siègent à côté du portrait du papa d'Hector. L'émotion est forte, Hector vient de voir s'envoler un ange, ce vénérable monsieur venait d'avoir 80 ans.
A côté du salon, la chambre d'Hector très lumineuse lui sert aussi d'atelier. D'ailleurs, son atelier, sa maison, son être tout entier semble entouré d'un joyeux petit monde. Se partagent sans égal ses feuilles de croquis : le caméléon de Codjo aquarellé, Ana et Bazile, des joueurs de trompettes et autres musiciens, des voleurs de masques sacrés, des brigands à l'encre de chine, …

Hector est caricaturiste, illustrateur-jeunesse, auteur de bande-dessinées, aussi. Extrêmement doué, j'aime dans ses dessins la force de ses traits à l'encre de chine. J'aime ses personnages de polar aux larges épaules. J'aime les scènes de vie qu'il dépeint.

Il fait parti de ces personnes que j'avais déjà rencontré en rêve. Loin. Que je rêvais de rencontrer.

Dehors dans la cour, ses neveux et nièces jouent calmement dans le sable en attendant que leur tonton leur demande un quelconque service. Ici, les plus jeunes sont souvent au service de leurs aînés. Le chat Minou court après la volaille affolée, les plumes en alerte. Un gorille court dans le sable, aussi. Charlie, un canard enchaîné et quelques caricatures et lettres imprimées sont collés sur le devant de la maison. Malheureusement, la pluie s'est acharnée à décoller ce précieux papier peint constitué de fragments de journaux qu'Hector avait pris soin de coller.

La maison est ouverte, il n'y a pas de fenêtres, pas d'enclos. On nous salut aimablement, chaleureusement d'un "Bonjour tonton,
bonjour tata !"

Nous quittons notre douce quiétude. Nos trois cafés avalés depuis le matin. Notre palabre à l'ombre du manguier. Il est 13h20. Il fait très chaud. Les quelque mètres effectués suffisent à nous assoiffer à nouveau. Hector m'emmène dans un maquis manger du porc grillé.
Nous retrouvons une douce quiétude. Trois maxi coca ingurgités. Notre palabre à l'ombre du manguier a repris. Nous avons beaucoup rit lorsqu'à notre arrivée, la buvette "Super Bazar", s'est mise à troquer son coupé-décalé tonitruant pour un tonitruant Lara Fabian, ou encore un Sardou décalé que nous aurions préférer voir coupé !! Dans ce joyeux bazar, nous sommes restés à dessiner. Discuter. Je me sentais bien.



Nous nous sommes rencontré alors que lui et "ses potes", comme il dit, étaient en train de monter l'exposition "20 ans de caricatures au Bénin" au Centre culturel français, en octobre dernier. Cela a été une belle aventure.

Lui et "ses potes", comme il dit, ont tous commencé dans la caricature. Beaucoup, actuellement, travaillent encore pour des quotidiens tels que Le Matin ou L'Autre Quotidien. Hector, du haut de ses presque 40 ans, raconte non sans humour : son travail clandestin à Lomé pour la presse togolaise, son intervention auprès d'étudiants en art à Bruxelles, le froid, les problèmes à la douane, son passage à Angoulême, la venue au Bénin en moto de l'auteur P'tiluc, son ami, ses multiples projets d'éditions, de bibliothèque pour tous, à Cocotomey, là-bas, dans son quartier lointain, où, absent de toute littérature environnante il offrirait aux enfants, de buller quelques instants, sur une natte, sous le manguier.

Lui et "ses potes", comme il dit, ne peuvent pas vivre uniquement de la caricature. Alors, toute la joyeuse équipe, Jo, Hodall, Claudio, Kpitimé, Constant, et les autres, se retroussent les manches pour du travail plus alimentaire : publicité pour la sensibilisation au recyclage, illustration pour "Ado Mag", livret pour expliquer le paludisme aux enfants, animation pour l'opérateur téléphonique Moov, etc.
Je les admire, vraiment. Allez travailler avec une telle énergie dans de pareilles conditions : avec des coupures d'électricité de 12 heures, parfois !!

Actuellement, ils sont en train de réaliser l'un des plus beau projet que j'ai vu ici : un film d'animation ! Le projet va durer plus d'un an...

Il font partis des ces personnes que je n'aurais jamais pensé rencontrer, même en rêve...

mardi 26 février 2008

N'do azo soukpo !

aïe aïe aïe.... vraiment j'ai honte de ne pas avoir actualisé le blog depuis...
mais vraiment... N'do azo soukpo ! = "j'ai trop de travail !"

une petite fleur de frangipanier si délicate... pour patienter... et quelques photos ajoutées dans "Petites images"













à bientôt !

jeudi 7 février 2008

FrAnCoPhOnIe

Le mois de mars est le mois de la francophonie, laissant la part belle à la langue française. Dans ce cadre, le Centre culturel français propose de fêter les poètes francophones durant toute une semaine. Au programme, des ateliers, un festival du film francophone, un concours de slam, des stages et des concours.























Nous pourrions définir la francophonie comme "l'ensemble des personnes utilisant la langue française, que ce soit leur langue maternelle, nationale ou d'enseignement, ou encore le fruit d'un choix imposé par l'histoire comme d'une adhésion personnelle."

Outre cette définition, le lexicographe Alain Rey explique dans un supplément du Monde, datant du 17 mars 2006, les ambiguïtés que contient la notion de francophonie (quelques extraits choisis) :

Le mot "francophonie" a été formé dans un cadre parfaitement colonialiste (temps de Jules Ferry) puisqu'il s'applique à l'usage triomphant de la langue française en Afrique. Ce n'est que bien plus tard, que le mot fut revendiqué par des écrivains employant le français par choix et par nécessité à la fois (Senghor, Césaire). Mais, jusqu'à l'invention de la "négritude", l'idée francophone n'est pas reprise par la France, qui admet mal d'être bousculée par les revendications de ceux qui ont subi la langue nationale et qui opère sur elle un travail de l'intérieur pour affirmer une expression propre en Afrique comme dans l'espace caraïbe.
Face à cette ambiguïté, la francophonie est une sorte de patate chaude que pays, pouvoirs et créateurs se repassent avec des intentions contrastées.
Lié aux conditions d'exercice socio-linguistique ou fruit d'un choix esthétique, le miracle des francophonies tient à l'enrichissement déterminant de la langue : emprunts, façon d'écrire, procédés rhétoriques et narratifs renouvelés.
Les contacts entre les deux langues maternelles marquent la sensibilité littéraire, mais n'idéalisons pas : chaque créole, par exemple, a souffert de la comparaison avec la langue officielle, qui le renvoie au bas de la hiérarchie linguistique.
La bonne santé de la francophonie dépend d'une idéologie plurielle respectueuse de chacun et rétive à toute hiérarchisation ; plus encore sans doute d'un projet pédagogique aussi pensé qu'ambitieux. La misère de l'école africaine est telle qu'à terme la francophonie peut disparaître - la solution serait de s'employer à créer un bilinguisme, avec de grandes langues vernaculaires. Enfin le succès dépend des médias et de la diffusion de la langue sans tomber dans le piège de la récupération politique (retrouver la posture du maître d'école ou du grand frère, dont les anciens colonisés ne veulent naturellement pas le retour).

L'escale des diasporas

Mes doigts et mon encéphale ne répondent plus vraiment depuis quelques jours. Le travail m'accapare et m'oppresse tant il ne me laisse plus un seul instant, devenu si précieux, quant à l'élaboration de mes projets personnels, si nombreux. Je rêve et je m'envole en pensant échapper à un travail de secrétariat, qu'il m'arrive de faire, pour quelques artistes. Je ne sais pas si je perds mon temps à leur élaborer un merveilleux dossier de presse, à scanner leur passeport ou encore... non décidément je n'arrive plus à écrire, je n'arrive plus à rien... Suis-je un peu dur avec moi...

La richesse est-elle dans ce que je suis venue chercher professionnellement ?... je pense qu'il est encore trop tôt pour le savoir.

L'escale des diasporas est une camionnette jaune stationnée place des Martyrs.













C'est un peu notre maquis afro-macdo. Du Mac Do ne subsiste qu'un jaune lumineux. Américano, seulement pour nos papilles. Afro, tout est là : des salons de jardin en plastique recouvert d'une nappe jaune plastifiée à l'effigie de la plus afro des bières africaines, la Flag ; des parasols ; une carte poisseuse imprimée sur un A4 blanc sous plastique ; et bien entendu, un petit poste télévisé placé au centre de tous les regards, l'ORTB en boucle. Un vrai bonheur !
Ce soir, la place est en fête. On célèbre l'anniversaire de la mort de Bob (Marley, bien évidemment). Outre le rap et la musique hip-hop, le reggae est écouté en masse par la jeunesse béninoise. L'ambiance est détendu. Rastafaraï !

Assis autour de la nappe plastifiée et la carte poisseuse, j'observe Hector nous dessiner dans mon carnet. Hector et Christel sont là. Dans mon carnet.



Je mesurais alors le chemin parcouru. Mon chemin. Avec Hector, Christel et Thierry j'avais trouvé mon équilibre. J'avais réussi à recréer mon univers, ma bulle. Ils sont là. Comme moi. Sans intérêt aucun. Partir s'est se recréer ailleurs, partir c'est tout recommencer à zéro. Il m'a fallu du temps, beaucoup de temps pour recréer cette osmose. Mais nous voilà rassemblés, toujours à la découverte de l'un-l'autre ; toujours avec ce poids du temps, suspendu au dessus de nos épaules, pour nous rappeler qu'il existera un temps où il faudra se quitter. Suspendus à ce fil là, les relations prennent un sens plus fort. Ce chemin éphémère nous amène à vivre des moments inoubliables, uniques, incroyables.

La vie ici est faite de rencontres mais aussi de départs. Alors, on s'attache, on vit, on partage des instants . On s'échange des contacts… Seulement, chacun de nous sait intimement que ces rencontres resterons probablement sans lendemain… et c'est cela qui fait la magie, la force de ces rencontres.

Inch'allah.

mardi 5 février 2008

Tristes tropiques


















je suis malade et je m'ennuie
le silence m'englobe toute entière, la poussière aussi, la poussière m'envahit, par tous les pores, elle entre, insidieuse par le dessous de la porte, je m'ennuie et ne vois plus qu'elle, sur la couverture de mes carnets, sur le bois terne de la table, incrustée dans le textile des rideaux, sur ma peau qui craquelle telle la surface terreuse des plus grands déserts, la poussière vole et réapparaît là où je l'avais oublié, j'écris son nom : harmattan, on ne peut l'oublier car les particules élémentaires qui composent cette saison hivernale sont transparentes, figées dans les airs, suspendues et virevoltantes à la fois, le ciel si bleu et vif se pare d'un filtre orangé, onctueux, la lumière est douce et sereine, l'air est frais, et me rassasie, me fait oublier la chaude nuit de samedi où mon corps tout entier s'est mis à trembler telle une feuille de manguier surpris par l'orage, de mon corps grelottant, des gouttes se sont mises à perler, de mes claquements de dents, le sommeil a fuit, parti vers d'autres contrées pour revenir sous ces tristes tropiques où la chaleur intérieure de mon corps devait ressembler à celle de 12h20 sous la paillote du maquis Chez Tranquille, la peau de mon cou courbaturé, tendue comme celle d'un tam-tam, faisait résonner en moi des notes que même un Advil 400 ne pouvait adoucir, les touches du clavier ne répondent plus, même l'ordinateur semble souffrir de ces microscopiques grains qui rendent la lumière si belle, il s'en fout, il aimerait que je cesse d'écrire ce stupide texte, peut glorieux quant à l'état de ma santé qui ce mardi à 15h42 m'a tout l'air de s'être stabilisé, la nausée s'en est allée, je pars de ce pas me noyer dans plusieurs litres de Possotomé car je suis malade et je m'ennuie

vendredi 25 janvier 2008

Inventaire

Société Bénin Pas Cher
"Tous les articles de ménage offert de bon cœur... et à bon prix"

Enseigne :

jeudi 24 janvier 2008

Fragment de palabres (2)

" PAS D'ARGENT PAS D'AMIS "

"Qu'est-ce qu'tu m'as ramené d'France ?" me demande, sans complexe, Fortuné en entrant dans le bureau. Fortuné, 21 ans, est apprenti en imprimerie et n'est souvent que de passage ici. Plus que surprise par cette demande incongrue, je sens monter en moi une irritation que je tente d'étouffer au plus vite dans une réponse négligée.

Que voulait-il bien que je lui ramène ??! Fortuné n'a qu'un rôle de figurant dans ma vie béninoise. Ce n'est pas un ami, mais une connaissance… une lointaine connaissance… comme Joyce, Raymond, la commerçante du coin, Jean-Eudes, Gervais, le couturier, etc. Et pourtant, tous sont venus me voir dès mon retour de France. Certains étaient même surpris, terriblement déçu que je ne leur tende pas un petit paquet soigneusement emballé. Non mais vraiment ! Je n'allais tout de même pas inonder de présents tous les gens que j'avais croisé
au Bénin !

Comme le souligne le journaliste Ryszard Kapuscincki dans son livre Ébène, aventures africaines, "la culture africaine est une culture de l'échange". Si on te donne quelque chose, tu dois rendre. C'est un devoir, un engagement. "Le cadeau est un appel à un geste de retour, à un rétablissement rapide de l'équilibre. J'ai reçu quelque chose ? Je rends !"
L'autre jour, je me suis enlisée dans une marre de sable. Quelques gardiens du quartier sont venus me prêter main forte… en terminant leur bonne action par un agressif : "Tu me donnes quoi ?" Lorsque un Africain "offre de sa personne, sa sollicitude, offre des informations (…), il va de soit que cet homme généreux attend un retour, un dédommagement, une satisfaction.
Je vous rassure… tous ne sont pas ainsi !!

Et si mon quotidien ne s'arrêtait qu'à ce genre de situations…

Je supporte chaque semaine un défilé incessant de pauvres malheureux rivalisant de subterfuges, de médiocrités et de mensonges pour une petite pièce... enfin plutôt quelques billets... 5000 Fcfa pour réparer la moto de Janvier qui n'a pas encore reçu son salaire ; 5000 pour Georges qui a tenté de me faire croire une histoire exubérante, le verbe décontenancé et la larme à l'œil ; 30 000 Fcfa pour l'apprenti d'un artiste hospitalisé ; une tentative pour l'achat d'un téléphone portable de la part d'un collègue ; une demande pour cotiser aux funérailles, du père, d'un très lointain voisin que je soupçonne de tenir encore debout, bref.

Cette situation m'amuse beaucoup… avec un peu de recul. Ils ont tous cette même manière fébrile, dramatique, surjouée, déplacée, et systématique de venir nous voir pour ce genre de demande. D'abord il demande à te parler. A toi seul. A part, loin des regards. Ensuite il te laisse sous entendre que votre amitié est vraiment très importante. Là, il faut comprendre que si tu refuses de l'aider tu risques de culpabiliser pour le restant de tes jours… Ahh ! l'amitié à bon dos ! La plupart ne rendront jamais l'argent car n'en n'ont pas les moyens.
Il faut le savoir.

Par ailleurs, comprenez l'appréhension que j'ai à chaque fois que l'on me demande mon numéro de téléphone… quand ce n'est pas pour me demander de nouer un autre type de relation (comprendre devenir la petite amie d'un inconnu) !

J'ai bien compris que les Africains sont souvent persuadés que le Blanc est beaucoup plus riche que n'importe quel Noir. Lorsque un Noir rencontre la route d'un Blanc, il faut que ce dernier ne laisse pas échapper une telle occasion de se "lier d'amitié" avec…
La plupart d'entre eux n'ont rien, effectivement, et veulent tout avoir.
J'ai vu dans certaines cours familiales, des mères de famille aller puiser l'eau dans un puits, à l'eau douteuse, et cinq minutes plus tard prendre un appel téléphonique d'un magnifique portable… que je n'ai même pas en ma possession !!
Le plus pauvre d'entre eux, préférera investir dans un téléphone portable dernier cri plutôt que d'améliorer quelques éléments "essentiels" de son quotidien.