mercredi 29 août 2007

Original Heidelberg, 1892


L'imprimerie de Haie Vive, près de la terrasse de Cadjéhoun.

La porte franchie, l'odeur des encres, forte et subtile à la fois vous surprend. Comme si chacune des couleurs était olfactive. Comme si le cyan avait sa propre odeur, ainsi que le magenta, le jaune et le noir. Les papiers s'amoncellent de-ci, de-là. Tantôt imprimés, tantôt tachés d'encre. La poussière vole. Il fait chaud. Je sens la sueur perler sur ma peau. De vieilles affiches tentent de s'accrocher aux murs, suspendues par de misérables morceaux de skotch jaune. Je plisse les yeux à chaque fois que je passe la porte. La lumière vient du fond de la pièce. Le bruit saccadé, répétitif presque agressif de la machine offset aussi. C'est une vieille machine noire, vivante, suintante, fumante, grasse. A cet instant où je l'approche, une multitudes de petites ventouses viennent chercher, aspirer le papier pour le faire passer en son ventre, sous de gros rouleaux.
Le papier réapparaît, sain et sauf, coloré, illustré.


Aujourd'hui je suis venue voir le livret et les cartons d'invitation que j'ai réalisé pour le Festival du film européen... Mon premier travail pour le Centre Culturel Français. Un peu anxieuse quant au résultat et à la qualité de l'impression, je jette un coup d'œil furtif sur les premières épreuves. On me tend un exemplaire... ce que nous pourrions qualifier de BAT (Bon à Tirer) chez nous. Ici il n'en n'est pas question. Les 300 cartons sont presque finis d'être imprimés.
Au dos du livret, le logo de l'Union européenne apposé prend des teintes violacées. Sur celui du carton d'invitation elle arbore ses belles couleurs d'origine... mais l'illustration que j'ai réalisé manque de magenta, elle a perdue en qualité... je vous passe ce monologue graphique qui risquerait de vous ennuyer fort... Après de longues palabres, le technicien me fait comprendre que bien que complexe, l'opération va s'avérer chirurgicale.
Lorsque je repasserai un peu plus tard, bien plus tard... -car la notion de temps n'est pas comme nous l'entendons chez nous : il faut toujours y ajouter quelques bonnes heures...voir jours...- le travail sera exécuté, avec ces quelques défauts... mais avec les moyens du bord.

Une expression récemment imprimée dans la mémoire des français depuis les élections... revue et corrigée... prendrait beaucoup plus de sens ici :
"En Afrique, tout est possible" !!

mardi 28 août 2007

Petite histoire...

Voici une idée originale et vivante de vous raconter une histoire.
Je l'ai volé à un ami, avec sa permission.
Cette histoire est une toute petite histoire. Il s'agit de celle que je construis au jour le jour, ici, à Cotonou... Cela me permettra de vous plonger encore un peu plus dans la complexité, la diversité, la richesse de cette expérience humaine !

•7h30•
Chaque matin diverses sonorités africaines m'extirpent de mon profond sommeil. Tantôt ce sont les ondes de mon radio-réveil qui passent du coupé-décalé, tantôt il s'agit du bruit des voisins qui balaient leur cour. Un geste répétitif, quotidien presque anodin que j'avais déjà remarqué au Mali. Ici on balaie la terre... sa cour ou encore les vons. Comme si on cherchait à rendre propre alors que la poussière virevolte dans l'air, sans cesse. C'est une chose que je ne comprends pas encore... surtout dans la rue...
Il m'arrive de ressentir une sorte de malaise au lever... mélange de bonheur et de nostalgie... Bonheur de réaliser ce que j'avais pu intimement rêver et nostalgie d'instants trop vite passés ici et ailleurs. L'odeur du café de mon colocataire ainsi que les quelques tartines à la confiture de goyave qui m'attendent me ramènent toujours à la douceur de cette réalité rêvé.



•8h•
Marguerite, une béninoise formidable, arrive pour s'occuper de l'entretien de la maison. Son mari est cuisinier dans une autre habitation. Nous n'en avons pas à la maison... ce qui n'est pas plus mal car cela nous laisse plus de liberté. Il est courant d'employer des béninois. Il m'a été difficile d'accepter l'idée d'avoir quelqu'un à la maison : un gardien qui vous lave la voiture chaque matin (ce qui provoque d'ailleurs toujours une inondation devant la maison...), une dame qui vous repasse le linge*... c'est une question de perception que l'on change quelque semaine après notre arrivée. On apprends. Cela permet de donner un travail à quelqu'un qui en a besoin. C'est mieux.

* il est obligatoire de repasser ses vêtements car certaines bêtes ont une fâcheuses tendance à pondre leurs œufs dans le linge humide... ce qui peut provoquer quelques démangeaisons par la suite sur la peau... !

•8h15•
Juste le temps de foncer voir mon voisin menuisier pour qu'il vienne m'installer une structure autour du lit. Je vais pouvoir enfin y accrocher une moustiquaire. Actuellement la climatisation de la maison ne marche plus, ce qui rend l'espace agréable aux moustiques. Et détrompez-vous : les moustiques vous mangent copieusement ce qui vous marque pour quelques jours !

•8h45•
J'arrive au Ccf. C'est bien calme. Trop. Vivement la rentrée ! Je ne manquerais pas de vous faire un petit papier sur les vacances au Ccf... ça vaut le détour !
Ce jour là le mécano est venu en milieu de matinée pour régler les phares de la voiture. Il semblerait qu'ici nous ayons besoin de leurs services assez régulièrement ! Je pense qu'à la fin de mon périple africain la mécanique n'aura plus de secret pour moi ! Ces derniers jours j'ai dû m'arrêter plusieurs fois chez le vulcanisateur pour regonfler les pneus !

•10h30•
J'ai rendez-vous à l'ambassade pour la réalisation de leur agenda 2008. Un agenda en cuir marron avec une reliure dorée... vraiment ringard...

•12h30•
Je vais souvent à la "cantine" au Champs de Foire où je retrouve amis et habitués. Les tatas me saluent, me sourient. Pour 600 FCFA soit moins d'un euro je me rempli pleinement le ventre. C'est convivial. Tout se passe en extérieur sous des paillotes, autour de tables en bois ou de jardin, en plastique.

•15h•
Je reprends la voiture pour retourner au bureau. A chaque carrefour : des vendeurs de journaux, de cartes de recharge pour le téléphone, d'horloges aux aiguilles dorées, d'essui-glasses, de chewing-gum, de mouchoirs, de machines à café des années soixante que le vendeur tente (tant bien que mal) d'épousseter...
Un joyeux bric-à-brac ponctué, malheureusement, par les éclopés, les manchots, les aveugles qui vous quémandent une petite pièce...

•19h30•
La journée se termine... et se termine toujours par une bonne douche pour se rafraîchir et se dépoussiérer un peu, par la visite impromptue d'un ami, par un repas de lasagne maison improvisé autour de bougies lorsqu'il y a "coupure", par un petit thé dans le patio !!

mercredi 22 août 2007

Fréjus, une ville, un bouquet.


Fréjus... petit gars accroché à son bouquet, ou peut-être l'inverse.
Fréjus se présente. Il se prénomme Fréjus comme la ville.
On le suit à la chansonnette... toujours la même : il s'appelle Fréjus comme la ville.
A moins que ce ne soit lui qui nous suive.
Quelques branches de bougainvillée jaune ou blanc, fragile, éphémère, délicat, noyées parmi une multitude de pétales colorées.
Quelques fleurs joliment assemblées, enroulées dans trois grosses feuilles vertes de bananiers.
Quelque part Fréjus vous attends toujours... il vous attend quand vous (ne) l'attendez (pas). Au coin d'une vons. Le sourire au lèvre. De ses grandes enjambées il vous rattrape le bouquet en avant. Le verbe légèrement écorché.
Fréjus fait parti de ces marchands ambulants qu'on aime croiser pour lui acheter un de ses bouquets, fraîchement cueilli... fraîchement fané. Qu'on aime croiser pour discuter. Fréjus fait parti de ces gens qui en fin de journée vous offre une composition fleurie parce que vous êtes là... alors que vous ne l'attendiez pas !

Il s'appelle Fréjus comme la ville.

vendredi 17 août 2007

Toyota yovo yovo cado !


Ce matin j'ai pris un malin plaisir à négocier sec le prix de la course en zem !
Par principe il faut toujours négocier. J'aime beaucoup négocier. Ca permet d'instaurer une discussion avec l'interlocuteur...bon ça peu prendre du temps... il faut pas être pressé... c'est un peu comme si chaque matin vous négociez le prix du ticket de métro avec un agent de la RATP !!!

Il m'arrive parfois de partir avec une certaine somme de FCFA au fond de la poche... moins que la moyenne... et de me dire : "Toi mon coco... je ne te payerai pas le prix yovo et encore moins le prix moyen béninois !!" ... par principe. Alors souvent, la réponse du kekeno*, surpris, est suivi d'un "Hé !?". Cette interrogation se prononce très aigu avec un hochement de la tête sur le côté. Alors on me répond : "Hé ?! Tu es française... c'est le prix français alors !!" C'est comme ça que je poursuis mon chemin jusqu'à ce qu'il me fasse un signe de la tête vers l'arrière du zem pour me dire "Allez monte, c'est bon..."

Après le slalom habituel entre les trous dans la route, les "Attention !! euh.. c'était rouge... argh !", les arrêts impromptus pour prendre de l'essence payo au bord de la route dans une bouteille en plastique... il y a les inconditionnelles questions. Le matin à l'arrière du zem qui fonce, mes yeux encore collés, j'ai droit à des "Tu es mariée (toujours répondre OUI à cette question cela évite des discussions interminables...) ? Ou es ton mari ? Tu fais comment pour le laisser en France ? Et..." et quand ce n'est pas sur mon statut marital c'est pour me demander si je peux les aider à avoir des papiers pour venir en France " Hé !? Tu as de la famille là-bas !?? Alors tu me laisses leur adresse !" Comme si la couleur de ma peau me permettait d'obtenir des pass à l'ambassade !! Aïe Aïe Aïe !

Et puis il y a les zem avec une moumoutte de lapin bleu sur le devant, près du guidon. Ceux dont leur seul rétro est : VOUS ! Ceux avec lesquels je tente quelques mots de fon (la langue locale)...et qui se plient en quatre, de rire, de m'entendre inverser les syllabes ! Ceux dont la plaque est immatriculée "Dieu est formidable" ! Bref... on pourrait écrire un roman sur eux !!

Je n'aurais plus ce petit plaisir quotidien car à mon grand bonheur (peut-être pas pour la sécurité de tous !) je viens d'acquérir ma toute première voiture !! Elle est rouge. C'est une Toyota Corolla. La seule marque de voiture qui n'oblige pas le garagiste à acheter les pièces au Ghana ou ailleurs en Afrique.
Bon la 504 ça sera pour plus tard ! Mon rêve serait de pouvoir remonter en France avec à la fin de mon contrat... si elle tient jusque là !! C'est pas gagné car comme j'ai pu vous le dire les voitures d'occasion ici sont des occasions d'occasions d'occidentaux... Elles arrivent par cargot au port de Cotonou pas toujours dans de très bons états !!

Quelques règles de conduites à savoir :
- c'est le plus fort qui a la priorité donc le 4x4.
- contrairement au rond-point français, le béninois, souvent en pneus ou baril n'a pas le même fonctionnement que chez nous. Ce sont les véhicules entrants les prioritaires !! Quelle idée !? C'est ainsi qu'on se retrouve avec des kilomètres de bouchons !!

*c'est ainsi que l'on interpelle le chauffeur de zem

jeudi 16 août 2007

Vodoun

La richesse culturelle du Bénin vient essentiellement de son lien au vaudoun.
Une série de portraits noir et blanc de vodounon ont été associés à leurs autels à la Fondation Zinsou.

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Proche du marché de Ganhi se trouve la Fondation Zinsou du nom éponyme de la famille qui est à l'origine de ce Centre d'art contemporain.
Ouvert en 2005, spacieux, on dit de ce lieu qu'il est l'un des seuls d'Afrique de l'Ouest. Beaucoup d'expositions s'y succèdent. Cette nouvelle approche nous permet, à nous, occidental aux milles préjugés, de porter un regard nouveau, original, critique ou insolite, et contemporain sur un art africain que l'on réduit souvent à de simples statuettes élancées en bois sculptées.

Il y a un peu plus de quinze jours, alors que le ciel était menaçant, une petite visite de la Fondation s'imposait ! On peut repérer ce bâtiment par sa blancheur et la modernité de son salon de thé !! C'est bien le seul à vendre du thé Mariage Frères au Bénin... mais à quel prix ??? 3000 FCFA (prononcez : "Francs CFA"-Communauté Financière Africaine-) les deux tasses !! Pour vous donner une petite idée : dans les maquis le thé est à 250 FCFA !!

Petite parenthèse à ce sujet. Les Africains vivants en dessous du Sahel n'ont pas cette culture du thé à la menthe, sucré, fort, convivial que j'ai pu trouver au Mali ou en Tunisie... à ma grande déception... En revanche nos papilles sont émoustillées par du thé... Earl Grey !! Quel bonheur !!

A peine le seuil de la Fondation franchi, six guides vêtus de rouge et nœud papillon vous accueillent pour vous commenter les œuvres exposées.



L'intérêt pour moi du sujet de cette exposition est qu'il s'agissait du VODOUN dont voici quelques petites explications.

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On dit du VODOUN qu'il trouve ces racines au Bénin. Cette religion animiste est un mélange de magie blanche à base de fétiches et de sacrifices. Chaque vodoun est chargé d'une tâche spécifique. La plupart du temps le Vodoun est craint en raison de ses pouvoirs puissants. Même les personnes les moins croyantes le craignent. Le mythe imprègne la réalité.

Le VODOUNON est le prêtre. C'est cet homme ou cette femme, choisi par l'oracle du Fa, qui va méticuleusement procéder à la confection d'un autel ou fétiche (représentation abstraite des divinités vaudoues) afin d'entrer en contact avec la divinité.

Il existe un "type" d'autel/fétiche par type de vodoun, de cultes.


C'est très étrange à voir. J'ai eu l'occasion d'en apercevoir au cours de périples à l'intérieur des terres. Le vodoun semble vous guetter, vous attendre au fin fond d'un petit village de brousse, au détour d'un chemin. Il est là, presque fondu dans la nature. Discret et surprenant à la fois. Simple étole blanche suspendue à une branche. Tas de terre sculpté. Poupées et casseroles entassées sous une hutte en bois. Paquets de cigarettes. Tout semble pouvoir devenir fétiche. On se surprend à se faire tout petit face au poids, au sens que ces objets du quotidien prennent subitement, à cette toute puissance... même si on n'y croit pas...
Je n'ai malheureusement pas encore eu l'occasion d'assister aux cérémonies accompagnées de chants, danses, offrandes (aux fétiches) qui permettent la communion entre l'initié et la divinité.

Mais il n'est pas incongru de croiser un revenant dans les rues de Cotonou... argh !

dimanche 12 août 2007

So sweet...

Petite boîte à gâteaux gras achetée au marché de Dantokpa...
Un graphisme de qualité ! Très old school !
J'aime beaucoup !!



...les gâteaux pas encore goûté !!

Djembé Live

"Mille Regrets aux Absents" est inscrit en lettres manuscrites sur ce tract.

Le Djembé Live en distribue tous les soirs à Cotonou car il s'agit d'un des seuls lieux où l'on peut écouter de la musique live de qualité. Ce lieu à l'ambiance décontractée, aux lumières tamisées accueille bien souvent la crème des musiciens locaux. Ces derniers faisant onduler le corps des jeunes béninois, athlétique, dégoulinant de sueur. Rythme jazzy, blues, soul, coupé-décalé ou percus... tout le monde y trouve son compte !
Samedi Soir Robinson Sipa est venu avec ses musiciens. Ambiance décontractée comme je vous le disais... tellement décontractée que les musiciens sont arrivés au compte goutte !
Ils ont fait une première partie. Sipa est arrivé ensuite et a commencé à "emflammer" la salle... puis un choriste est arrivé. Élancé, un large sourire, faisant claquer ses doigts et se déhanchant au son des percus. Sa voix se faisait à peine audible ! Les sons qui parvenaient à sortir de sa bouche paraissaient sortir en différés !! Que du show ! Comme ce béninois aux muscles saillants qui a investi la piste au bout de cinq minutes.... Une danse endiablée, lunette de soleil sur le bout du nez, petit marcel moulant, pantalon large... les muscles contractés... on avait presque l'impression d'assister à un cours de gym !!

Dehors la fête semblait se poursuivre... comme tous les soirs à Cotonou.

jeudi 9 août 2007

Dans le noir

19h30.
Fin de journée.

J'habite à Haie Vive, le quartier yovos (= étrangers) de Cotonou.
C'est temporaire...
Je préfère Cadjehoun, quartier voisin beaucoup plus populaire. Quartier regorgeant de petits commerçants au bord des vons.
De buvettes aux guirlandes lumineuses colorées suspendues. D'enfants qui s'agrippent à vos doigts en vous demandant comment vous vous appelez. De "Bonjour-bonsoir !"
Mais il vaut mieux prévoir les palmes et le tuba pendant la saison des pluies : les vons sont quasi impraticables !!

Haie Vive donc... plus calme, plein de restos, de supérettes occidentales où le prix du kilo de tomates est fixe...
et pas à négocier comme partout dans la rue !!
C'est moins fatiguant !
Ce soir là je voulais marcher un peu... ne pas prendre le zem... et paf ! Coupure !
Coupure d'électricité ! Très courant ici ! (il y a un jeu de mots là !! -rire-)
Le pays est alors baigné dans l'obscurité. Les enseignes lumineuses qui peuvent aider à s'orienter sont éteintes...
Seule source de lumière : le phare des véhicules, et les bougies le long des routes qui éclairent les tata qui vendent à manger.
Autre ambiance.

Il y a en effet des coupures d'électricité de 12h parfois !
Les habitations les plus chanceuses possèdent un groupe électrogène... pour les autres c'est bougies !
Le courant revient dans certains quartiers... quand d'autres plongent dans le noir !
Peut-être me faudrait-il habiter la vons derrière celle du Président Thomas Boni Yayi... c'est la seule qui reste éclairée !
Parce qu'il faut savoir que le Président ne réside pas à "l'Elysée locale"... Monsieur habite Cadjehoun !
Pour l'anecdote (je fais une petite parenthèse), quand le Président sort (ou rentre) de chez lui, toutes les routes sont coupées
avec toute une armada de voitures (pour tromper l'ennemi !) et de militaires. Il vaut mieux éviter de se trouver sur la voie à ce moment là...
Les militaires ont la main légère sur la gâchette ! Donc : être bien discipliné, se garer ou garer son zem sur le côté, et attendre !!!

Autre type de coupure... l'eau !!
Bon... c'est une habitude à prendre !!
La plupart des personnes, qui ont l'eau courante, réservent dans des sortes de grandes poubelles en plastique, de l'eau.
Ca peut dépanner !

Je vous laisse imaginer l'expédition pour prendre une douche sans eau et au moment où l'électricité se coupe... bon... lol

Pour finir, dernier type de coupure en vogue ici : le téléphone portable !
Les principaux opérateurs téléphoniques Moov et Areeba ont coupé leur réseau une semaine après mon arrivée...
pour cause de concurrence avec un opérateur sud africain... si j'ai bien compris.
Imaginez la tête des français si Sfr et Orange coupaient leur réseau respectif !
Ici... rien. Pas de mouvement de mécontentement. Pas de manifs... des rumeurs.
Apparemment il semblerait que se soit en négociation.
Tantôt on nous dit : "Demain !"
Tantôt on nous répond : "Dans six mois !"
Même les journaux restent évasifs.

Nous attendons...

mardi 7 août 2007

Bonne arrivée*



Le premier soir, arrivant à l'aéroport, la moiteur ambiante nous surprend, réveille.
Se réveiller comme si ces incroyables instants n'étaient que le prolongement d'un rêve.
Quelques secondes avant l'aterrissage, survolant quelques foyers de lumière, scrutant dans la pénombre omniprésente quelques instants volés... j'ai eu un moment de doute... La gorge nouée une fraction de seconde. Une montée d'adrénaline aussi...
Qu'étais-je en train de faire de ma vie ? Sans doute aucuns jours ne seraient semblables aux précédents, dès à présent...
Les roues de l'avion se sont posées sur la piste dans un tonnerre d'applaudissement.

*Salutation béninoise pour vous souhaiter la bienvenue lorsque vous arrivez dans un lieu.

vendredi 3 août 2007

Little Particules of Cotonou


Le temps s'écoule "doucement" comme on a l'habitude de dire ici... avec ces aléas, la lenteur de l'administration, des maquis (petits restos de rue), la palabre interminable des négociations avec les commerçants ou encore avec les policiers (sisi ! ici c'est le quotidien des yovos -étrangers blancs- de subir des contrôles de papiers surtout lorsque l'on est véhiculé !)...

Les semaines passent avec leurs lots de quotidiens et de surprises.
Surtout de surprises.
Toutes ces nouveautés quotidiennes, même les plus anodines, demandent de ma part beaucoup plus d'énergie.
Tout demande plus de concentration, d'attention qu'en France.
Par exemple le CCF me permet de rencontrer la majorité des artistes béninois !
Sympa me diriez-vous ! Seulement, et sans aucunes mauvaises pensées de ma part... je ne reconnais jamais personne !
Je les confonds : tous se ressemblent !

Il en est de même pour les vons (Voies Orientées Nord Sud) plus communément appelées "chemins" chez nous. En terre, sous l'eau pendant la saison des pluies, toujours ensablées, et reliant les avenues entre elles, aucunes ne possèdent de nom. Nous ne trouvons pas ici de repères géographiques bien distincts comme des immeubles. Rien ne peut accrocher notre œil pour nous repérer. Encore une fois tout se ressemble. Il n'y a pas non plus de centre "historique".

Le long des vons survivent des petits commercants. Vulcanisateurs (marchands et réparateurs de pneus), tanti ou tata (le nom respectueux que l'on donne aux dames commerçantes), peintres d'enseignes, vendeurs d'essence au litre dans des bouteilles en verre (essence importée du Nigeria en contrebande)...
Tous "cherchent" à être leur propre patron. C'est du "commerce de survie". Beaucoup de jeunes bacheliers (seulement 10% l'ont obtenu cette année au Bénin !!) se retrouvent sans emploi et sont obligés de se mettre à leur compte.
Ce qu'il fait qu'il existe encore ici plein de petits métiers qui ont disparu chez nous.

A cette ambiance locale vivante, colorée, dynamique y contribuent les zemidjans dits "zems".

J'ai rapidement appris à ouvrir les yeux à l'arrière de ces taxi-moto se faufilant à une vitesse hallucinante dans les embouteillages ! Après négociation, chaque matin, du prix de la course me voilà à l'arrière de ses chauffeurs à la chemise jaune. Je suis toujours impressionnée de croiser des zems avec 4 ou 5 passagers... ou encore avec des litres d'eau, des bagages à n'en plus finir !! J'ai également appris à descendre du côté gauche du taxi-moto.... afin d'éviter de me brûler le pied avec le pot d'échappement !! Eh oui !! C'est le lot de tous les nouveaux yovos !! Voilà !! Ainsi chaque jour j'ai ma dose d'émotions fortes et de gaz d'échappement !!

Arrivée saine et sauve au CCF, mon lieu de travail, j'ai une bonne dizaine de poignées de main à serrer au bar... avant de m'atteler au boulot. Il m'est difficile de travailler... le bureau de ma "coolègue", chargée de communication, et moi-même, donne sur le "jardin" du CCF. Nous sommes sans cesse "dérangées" par les artistes qui nous demandent de les aider pour remplir des dossiers, faire un blog, un logo, un scan... ou tout simplement pour dire bonjour ! Il m'est impossible de me concentrer !!!

D'ailleurs côté travail, comme je vous le disais il me faut ruser ! J'ai fait le tour des principaux imprimeurs de Cotonou... mais cela n'empêchera pas de faire fonctionner la photocopieuse pour les petites manifestations... Alors je cherche... j'expérimente le noir et blanc...
Je souhaite vraiment profiter de cette expérience africaine pour enrichir mon travail graphique.
J'absorbe comme une éponge tous les motifs de tissus que je vois au marché. Je reproduis méthodiquement le lettrage des enseignes peintes à la main. Je tente de saisir d'un coup de pinceau toutes les nuances de couleurs qui ponctuent mon chemin. Des vert tendres aux rouge vifs de la terre.
Je gribouille dans mes carnets de croquis dès que le temps me le permet... et je n'attends que ça !!
Ici le graphisme est peu développé. Outre leur dextérité à peindre sur de grands panneaux en bois de magnifiques scènes du quotidien pour vanter tel produit ou tel magasin, les affiches sont souvent mal fichues !



Garder son style tout en s'inspirant du "graphisme" local... sans tomber dans le cliché !! Apprendre des artistes locaux, de l'art utilisant des matériaux "recyclés" en particulier.

Vaste programme !

Mon premier travail a été de réaliser l'affiche d'une pièce de théâtre "La Secrétaire Particulière" écrit par le célèbre écrivain béninois Jean Pliya et mis en scene par des élèves d'Alougbine Dine grand homme de la scène artistique du Bénin.
Cette pièce est l'une des plus étudiée en classe au Bénin.
J'ai cherché ici à représenter ce que pouvait être à nos yeux une secrétaire africaine : avec des formes et le pagne !
De dos, afin de rester suggestif. La typo laissant suggérer le mouvement de la machine à écrire, de gauche à droite.
Le second travail a été de créer une affiche pour la programmation cinématographique estivale du CCF.
Ce mois-ci Louis de Funès est à l'honneur !
Je me suis amusée à reprendre des typos glanées au cours de mes pérégrinations pour concevoir le visuel.
J'espère que vous serez indulgent avec mes premières créations !! Nous referons le point dans quelques mois !! (rire)




La plupart des midi, quand je ne me fais pas inviter par un ami français à goûter la cuisine de son cuistot, je pars à la recherche des saveurs béninoises dans un maquis ou au bord de route. Les plats sont essentiellement constitués de pâte. Ce que l'on appelle pâte est toujours faite à base de maïs. L'amiwo est rouge à base de tomate. L'akassa est constituée de maïs fermenté (beurk...). La pâte est assez fade. Elle est souvent accompagnée de sauces... généralement pimentée. On reconnaît d'ailleurs le degré de piment aux gouttes de sueurs qui perlent sur le front des gens !! Sinon beaucoup de riz, de poissons grillés, d'aloko (bananes frites), de jus d'ananas, de spaghetti, de fromages peuls, de couscous, ou de poulets-bicyclette. Ne me demandez pas pourquoi ce nom stupide !! Au Burkina on l'appelle poulet-télévisé car les gens le regardent cuir dans une rôtissoire vitrée !! Il est courant de manger avec les doigts. Il y a d'ailleurs souvent sur un coin de table une cuvette d'eau et du savon pour se laver les mains ! Tous ces plats sont souvent dans des sortes de glacières sur une table en bois. Il faut demander à la "tanti" de soulever chaque couvercle pour faire son choix...

Les week-end sont fait de rencontres, d'excursions et d'aventures !!
Outre la plage le long de la route des pêches, bordées de cocotiers, il y a tant à découvrir !!
A part la fête de l'ambassadeur le 14 juillet, pathétique soirée trop convenue à mon goût...
Les béninois se jettent sur la nourriture française (rien d'exceptionnel : fromage, saucisson).
Et les français (quelques-uns... heureusement) s'affublent de boubous, de pagnes ou encore de tresses africaines pour montrer qu'ils sont "bien" intégrés !! Le mauvais goût par excellence à mon sens !! Le plus drôle c'est de les voir partir à l'aéroport, en groupe, djembé sous le bras ! Un vrai défilé !!

Ces derniers week-end, je suis donc partie hors des circuits touristiques avec quelques amis.
Sortir de Cotonou devient une vraie aventure : ne pas rouler de nuit pour éviter les coupeurs de routes, éviter les trous dans la route, les camions qui déboulent et que l'on retrouve parfois allongés sur la voie un peu plus loin, ceux qui n'allument pas leur phares la nuit, dépasser les vieilles 504 surchargées qui n'avancent pas, ne pas écraser les gens qui traversent les champs de maïs lorsque l'on roule à 120 kilomètres heure...

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La suite très bientôt....



Abomey et son palais des rois, le marché de Dantokpa (le plus grand d'Afrique de l'Ouest) et son marché aux fétiches, la fondation Zinsou, les villages de brousse, le sodabi et l'orphelinat à qui nous nous apprêtons à donner un peu d'aide...