jeudi 20 décembre 2007

Petit papier de Noel


















Des minces interstices de ma fenêtre, quelques notes sont venues à moi ce matin comme venues d'ailleurs. Comme un appel au froid, un retour aux sources. Un sifflotement léger et joyeux, celui de mon voisin. C'est avec beaucoup de tendresse et d'émerveillement que j'ai recueilli ces quelques notes au creux de mes oreilles. "Mon beau sapin" qu'il sifflait ! Un vent frais a soufflé dans ma chambre, ma moustiquaire s'est mise à danser.

Dehors, la chaleur ! Pas la moindre gerçure aux lèvres, si ce n'est celle provoquée par l'harmattan.
Un marché de Noël. Seule piste nocturne où se retrouvent les plus jeunes, pour aller rincer leur gorge de bière, sous une guirlande lumineuse. Seul point lumineux de Cotonou où l'on vient à peine se déhancher sur une musique vieille de vingt ans ! Seul parc d'attraction où quelques manèges "à sensation" en carton, fait de bric et de broc, se balancent dans un grincement à faire fuir ! On vient s'y montrer, on s'apprête, on se fâche (ici le mot prend un autre sens : on se fait beau). Devant, un attroupement de jeunes hommes bien zappés, sur leur moto, venus chasser. Lorsque je passe devant, je ne m'y arrête jamais seule...

En journée, un gros père Noël gonflable, en plastique, nous salut devant le petit supermarché du coin.
Quelques commerçantes ambulantes vendent sur le haut de leur crâne, dans un panier en osier, des miniatures du gros monsieur rouge.
"Merry Christmas" retenti dans les épiceries, les pharmacies ont décoré leurs sachets en plastique de père Noël.
Dans la rue les enfants tendent vers nous de petites boîtes en carton, recouvertes de représentations de Jésus en photocopie.
A l'intérieur brille une petite bougie, qui ferait étinceler leurs yeux si nous mettions à chaque fois une petite pièce au creux de leur main.

Noël est rarement une fête familiale ici. On la fête entre amis. Le nouvel an en famille.
Les sapins seront couverts de cadeaux dans quelques foyers.
Les guirlandes sont clairsemées, la neige inexistante... un étrange air de fête venu d'ailleurs...

Je vous souhaite à tous de Joyeuses Fêtes de fin d'année !!
De retour dans quinze jours, je promets de mettre à jour les quelques articles laissés à l'abandon !!

mercredi 5 décembre 2007

Tata Brigitte

Tata Brigitte nous prépare à manger tous les midis au Champ de Foire. C'est ma cantine, la cantine des étudiants de la fac voisine, le Resto Universitaire. Nous sommes dehors, sous diverses paillotes, ce qui est fort agréable ! Tata Brigitte, comme toutes les autres tanties, vend toutes sortes de mets béninois dans de grands récipients en plastique bleu, vert, ou blanc. Chacune à sa spécialité. On peut aussi choisir d'aller prendre talé-talé (beignets de bananes) chez l'une, et poisson chez une autre. Je vais souvent manger chez Tata Brigitte, après être passé chez Tantie Rose pour le jus d'ananas qu'elle me verse dans un bol en alu, recouvert d'un couvercle également en alu. Cela évite la noyade de mouche ! De ses grands yeux, elle me salue toujours d'un "Bonjour ma chérie ! Comment ça va ? Et ce matin ?" suivie d'un large sourire !! Je me sens chez moi, ici. Je passe du temps à regarder les gens. Je discute avec mon voisin de table, professeur de toxicomanie à l'université, avec une étudiante ou un médecin gabonais de passage ! Je retrouve des amis, parfois. Nous partageons la pâte, alors que des vendeurs de CD, mouchoirs et autres objets indispensables secouent leurs produits sous notre nez ! Une dame vend de la papaye en morceaux, dans des sachets transparents à la sortie, tandis que d'autres arrivent avec leurs vielles motos pour se restaurer.

lundi 3 décembre 2007

Décembre en été

Proposition d'affiche pour le Noël des Arts organisé par le Club International des femmes de Cotonou.
Il s'agit d'un marché d'art rassemblant artisans et artistes béninois.
Proposition non retenue.
Je suis retournée chez mon ami Thierry ce midi et me suis amusée ici à imprimer l'affiche en sérigraphie !
Bon... je vous l'accorde... j'ai encore des progrès à faire dans cette technique !
A gauche : l'original, la sérigraphie à droite.

Je passe de plus en plus de temps chez Thierry. Ce procédé d'impression me plaît beaucoup. Aplat, trame, pot de peinture, mélanges, soie, émulsion... tant de chose que je (ré)-apprends ici ! D'autres projets sont également en train de germer dans ma tête et celle d'Hector, un ami illustrateur et auteur de bande- dessinées... je ne vous en dis pas plus !! ... à suivre !

mercredi 28 novembre 2007

Danse (3)

Réalisation d'une affiche pour Médard Sossa, danseur béninois.

Danse (2)

Recherches graphiques pour l'affiche de l'atelier de danse proposé par Marceline Lartigue au Centre culturel français de Cotonou.


Danseuse professionnelle, Marceline Lartigue travaille sur le rituel dans la danse contemporaine.
Elle a obtenu une bourse AFAA-Villa Médicis Hors les murs grâce à laquelle elle a pu se rendre en Afrique noire pour effectuer ses recherches artistiques et initier des formations.
De sa rencontre avec des danseurs béninois, de leurs échanges, elle nous a présenté récemment une pièce ayant pour ambition de donner naissance à un rituel contemporain.

Les silhouettes en mouvement à l'encre de chine sont les éléments forts du visuel. Avec plus de sensibilité, les traits et "gribouillages" au crayon de papier renforcent l'idée de l'atelier. Atelier en recherche, le brouillon, le non-fini.
En revanche la typographie vient apporter un équilibre au visuel, et de la rigeur. Rigeur imposée par la danse.
Le noir et blanc et imposé, photocopie des tracts oblige.

lundi 26 novembre 2007

Danse

Croquis à l'encre de chine.
Recherche de mouvements.
Danse Agbadja (Région du Mono-Bénin)

Zone Duty free

Mon séjour au Togo de deux jours, aller-retour, ne valu pas temps pour ce qui s'y était déroulé.

La véritable richesse de ce-dernier était resté à la frontière, entre le Bénin et le Togo : une sorte de non-lieu, de bande passante et passagère, où se croisent, par flux, piétons et taxis-brousse. Jalonnée d'embûches, ma traversée dans ce "no man's land" fut des plus déroutante.

Laissée à la frontière béninoise par mes amis eux-même africains, il me fallu aller de bureaux en offices afin de mettre à jour mon entrée en pays mina. Sous une chaleur étouffante, j'avançais, incertaine, perdue parmi d'autres. Les autres, une valise sous le bras, essayant de se frayer un chemin entre les véhicules et les volailles. Je contribuais à ce flux migratoire.
Ecrasée par la chaleur donc, je tentais tant bien que mal de m'approcher des premiers bureaux. Je me fit interpeller par un officier, ma couleur de peau ne passant pas inaperçue. "Accueillie" par une grosse dame en uniforme, assise derrière une table en bois, je lui tendis fébrilement mon passeport sans même un regard de sa part. Un regard par ailleurs lui-même perdu derrière deux culs-de-bouteille poussièreux. Suivie toute une liste de questions dont certaines restèrent sans réponse : le numéro d'immatriculation du véhicule de mon ami… comment pouvais-je le connaître ? le nom de l'hôtel... que nous n'avions pas réservé, mon adresse à Cotonou dont je ne connais toujours pas le numéro de lot… bref, après avoir eu l'autorisation de la grosse dame (dégoulinante de sueur), je regardais fièrement mon premier tampon "Sortie" apposé à mon visa... mais l'expédition transfrontalière ne s'arrêtait pas là. Il me fallait avoir le droit d'"Entrée" au Togo…

















Entre les deux bureaux, j'y découvris le plus improbable duty free terrestre africain.
Un monde grouillant de commerçants en plein air. Pas de parfums et de Toblerone mais des vendeuses de bananes, des piles de cd gravés, des poulets en vrac, des tanties préparant le riz-au-gras. Pas de panini. Pas d'atmosphère aseptisée, mais un univers coloré, déroutant. Et toujours cette odeur âcre, cette poussière et cette chaleur qui vous colle à la peau…

Deuxième office : "Entrée"… et une demande en mariage…

(…)

Le lendemain : le retour. Mêmes bureaux, mêmes tables, mêmes officiers, même flux, même duty free.

Même attente… pour un tampon.

Et subitement branlebas-de-combat à la frontière. On s'énerve. On siffle. On nous fait descendre les marches de l'office. On se dépêche. Le passeport dans une main, l'interrogation au fond des yeux, on s'exécute. Ça s'agite. Cinq minutes après, me voilà alignée auprès d'une dizaine de personnes, dans la poussière, tel un peloton d'exécution. Droite. Il est 18h, un coup de sifflet par un militaire donne le signal à un second qui s'exécute en descendant le drapeau togolais. Silencieux, nous restons figés devant un attroupement de militaire s'égosillant en chantant l'hymne national.

Je me retiens de rire jusqu'au second coup de sifflet marquant le repos.

Voici, pour ne pas vous laisser en reste, quelques petites images de mon excursion à Lomé !







mercredi 21 novembre 2007

Dieu te voit !

Ahhh !! Si seulement j'avais eu la présence d'esprit de coller cette superbe maxime sur la carrosserie de ma voiture !
... cela m'aurait évité d'avoir mes deux clignotants de volés ce matin même !!!



Hé (à prononcer aigu en hochant légèrement la tête, toujours) ! Dieu est tellement respecté et présent, ici en Afrique,... que cet autocollant aurait été pour moi le meilleur antivol !

Suspendus après une grille en ferraille au bord d'une voie passante, poussiéreux, salis, mal imprimés, voici les autres autocollants que j'ai trouvé parmis de nombreuses images politiques et religieuses :















"Dieu est bon", "Il n'est jamais trop tard", "L'Afrique appartient aux africains", "Après la pluie, vient le beau temps", "Je lutte pour mon avenir", "Pas d'argent, pas d'amis", "Dieu peut le faire encore", "Pas de repas pour un paresseux", "Tais-toi jaloux !"...

Chaque maxime ici prend tout son sens. Les africains sont très croyants et "à cheval" sur ce genre de chose.
Ils ont une relation, aux mots, à leur sens, leur poids. Tout à de l'importance et surtout une signification...

Je reviendrais plus tard sur l'omniprésence de la religion et des croyances en Afrique.
Je vous prépare aussi un petit papier sur le paysage linguistique ici, au Bénin !! Un véritable régal visuel et textuel !

mardi 20 novembre 2007

Soyez les bienvenus !

L'autre côté du miroir...


Carnet de bord d'un demandeur de visa rencontré au Bénin.

Micro-histoire dans ce qui sera notre Histoire ; dans une actualité durcie pour beaucoup d'entre eux.

C. est un béninois de 30 ans.
Médecin, il souhaiterait reprendre une formation en France afin de se spécialiser. Cette formation lui permettrait d'obtenir un diplôme qui le valoriserait.
Ici, à partir d'un certain niveau intellectuel les gens tournent en rond car le boulot est peu intéressant, peu valorisé. Le pays n'a rien à proposer.
Cette formation étant l'une des meilleures qu'il ait trouvée.
Partir serait aussi pour lui une bouffée d'air, un renouveau, une véritable expérience humaine : ces amis ayant déjà tous quitté le Bénin pour d'autres horizons.

Pour obtenir son visa il s'est adressé au consulat de France à Cotonou.
Mais entrer dans l'Hexagone est une véritable épreuve.

1. Trouver une formation qui l'intéresse, s'inscrire auprès des universités.
2. Démarches administratives : présentation du dossier pédagogique à l'ambassade (note depuis le bac, parcours...) + accord de l'université (lettre d'acceptation)
3. L'ambassade émet un avis favorable ou non, puis transmettent le dossier au consulat. Le délai entre les deux dur environ un mois.
4. Le consulat vérifie toutes les pièces qu'il faut pour obtenir le visa.
Le visa est spécifique selon les personnes.
Dans le cas de C. un visa étudiant d'un an est requis.
Mais la situation se complique. C. doit trouver une attestation de logement en France, ainsi qu'une garanti financière d'au moins 5000 euros pour l'année.
C. fait un prêt et se fait aider par des amis.

- Pour l'attestation de logement : C. a des amis en France (les hôtes).
Ces derniers doivent aller à la mairie pour demander ce fameux certificat d'hébergement. La feuille coûte déjà 30 euros. Par ailleurs, on leur demande une feuille d'imposition qui prouve qu'ils gagnent 1500 euros par mois... ils sont étudiants... La demande reste vaine.
C. doit donc réserver une chambre dans un foyer et faire un virement bancaire. Le foyer a mis, dans son cas, plus de deux semaines à envoyer l'attestation de logement alors que le temps lui était compté.

- Pour justifier d'un compte en France (et garantir un virement permanent mensuel de 457 euros ou justifier d'une présence de 5000 euros sur un compte bloqué) C. a dû ouvrir un compte, ici au bénin, à la Société Générale (seule banque française ici) ou il a placé le capital après différents prêts.

C. a enfin toutes les pièces demandées.
Il retourne au consulat après avoir vérifier toutes les pièces qu'il avait.

Au 1er entretien on lui dit que sa situation est ambivalente car contrairement aux autres étudiants il s'auto-finance et travaille. Les autres bénéficient soit d'une bourse soit de l'aide de leurs parents. Du fait de son âge et son auto-financement on ne lui a pas demandé de garant.

Il repasse quelques jours plus tard après un coup de fil du consulat.
On lui demande de repasser car il manque deux pièces.
Une prouvant la situation professionnelle de ses parents et l'autre confirmant son inscription dans sa formation.
La prof lui renvoit la lettre, déjà envoyée au consulat.
Le lendemain il repasse avec les pièces.
Nous sommes vendredi. Sa rentrée est le lundi.
Le vendredi on lui dit de repasser l'après-midi pour récupérer son visa.
En ouvrant son passeport il voit un petit papier :
"Selon l'article X de la loi française, le consulat peux refuser sans justification..."
Tous ces efforts... pour rien.

Dégouté de ces trois mois passés, il cherche ailleurs.
Une semaine s'écoule.

On le rappelle une semaine plus tard contre toute attente car il s'était mis en tête qu'il ne partirait plus. On lui dit que son visa l'attends mais qu'il doit encore rapporter des pièces complémentaires (les mêmes)...
Surpris, C. s'est demandé à quel niveau été le problème ?? La transmission au sein du consulat ?
Parallèlement, le même jour, il apprend qu'il vient d'obtenir un poste prestigieux de médecin au Gabon pour une fondation suisse.

Partagé, il demande divers avis, d'autant plus que la prof en France l'avait beaucoup aidé.

Finalement il repart au consulat et obtient son visa... en se posant toujours des questions.

Aujourdhui il a tourné la page mais ne ferme pas la porte à la fondation qui lui a promis de garder son cv pour l'année prochaine.

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Depuis le 1er décembre le Bénin fait parti de ces pays possédant un Campus France inauguré par l'oubliable Mr. H.

lundi 12 novembre 2007

Le "God Will"

Le "God will", petite buvette fort paisible, située à Cadjehoun, quartier populaire de Cotonou.

L'air y est frais cet après-midi. Je sirote un Coca assise à l'ombre de cette paillote, cachée derrière une palissade bleu ciel.
Les deux tatas se reposent à une table, attendant le chaland assoiffé. D'un pas mou, l'une se lève à l'arrivée d'une petite marchande ambulante de vêtements. Du haut de ces onze ans, cette petite fille sillonne les vons du quartier, portant sur sa tête un panier rempli de sous-vêtements. Des cintres suspendus à ce même panier affichent au client quelques vêtements usés, délavés. Des fripes en soit. La tata de la buvette, partie essayer derrière le comptoir, revient en défilant devant moi tantôt avec un jeans à fleurs, tantôt avec un pantalon écru tâché. Nous échangeons quelques mots. Elle fini par acheter le premier à 600 FCFA.
Je reprends mon dessin au crayon. Sirote un peu. L'air est frais. Quelques autres tatas préparent la pâte à côté en pilant l'igname dans un mortier. Le son est régulier, leur transpiration aussi. Un petit gars du quartier, m'ayant aperçu, vient à ma rencontre avec quelques feuilles de papier sous le bras. Curieuse, je lui demande de me montrer ses dessins.... il s'agit de photocopies poussièreuses de dessins anatomiques !!! Probablement ses cours !

Le Coca terminé, je paye et d'un amical sourire et reprends ma route !

A côté de la buvette, deux enfants jouent sur une balançoire en bois... j'apprendrais plus tard qu'il s'agit du manège du quartier... et que l'aller-retour est à 1FCFA !!!!

L'atelier de Thierry est non loin de là... je décide de lui rendre visite !!

Thierry réalise manuellement toutes les banderoles du CCF. Vous savez ces banderoles en tissu que l'on accroche sur les murs extérieurs des bâtiments pour annoncer tel ou tel événement ?

Lorsque j'atteinds son atelier, un de ces apprenti, accroupi dans la rue, est en train de tracer méticuleusement des lettres noires et orangées sur une bande de tissu. Cette dextérité avec laquelle le travail est réalisé me surprend.


Me voyant gribouiller dans un coin de l'atelier quelques instants de vie, Thierry me propose de découvrir le processus d'impression qu'est la sérigraphie. Il faut bien entendu comprendre "sérigraphie artisanale" puisque les moyens sont moindre ici, comme vous pouvez l'imaginer !! Me voici donc à réfléchir à l'idée d'un visuel. Un éléphant en bois, poussiéreux, posé au fond de l'atelier fera l'affaire !

Voici après de nombreuses manipulations, le résultat !!


... et bientôt en vente imprimé sur Tee-Shirt !! A vos commandes !! ;)

dimanche 11 novembre 2007

Fragment de palabres (1)

TURBULENCES

Partir... Là-bas, par exemple. En Afrique. Oui, en Afrique.
J'y habitais déjà en rêve. Je m'y sentais bien, en rêve.

Ce sont des rêves baignés de musique mandingue qui m'ont transporté dans l'ailleurs. C'est cette saveur inoubliable du thé sucré comme l'amour, doux comme la vie et amer comme la mort que je ne peux oublier de mon voyage au Mali. Ces temps partagés sous un manguier à palabrer que je ne peux oublier. Des instants de vie qui vous happent brusquement, sans vous y attendre le moins du monde alors que le temps vous presse mollement vers d'autres aventures ! Voilà l'Afrique ! Ses couleurs chatoyantes et douces à la fois, ses wax (tissu) hollandais aux imprimés multiples, ses buvettes bleues turquoises, sa poussière dorée, son odeur âcre, sa lumière vous enveloppant tout entier, ses rires et ses souffrances.


Je m'y sentais bien, en rêve. Je me suis accrochée à eux pour me donner le courage de partir, pour vivre cette fabuleuse expérience qui je n'en doute pas marquera ma vie comme tout ceux qui ont parcouru aussi ce chemin. Chemin fait de découvertes, désillusions, adaptations, et harmonies. J'ai rêvé l'Afrique et je voulais y vivre pour comprendre, par curiosité. Je ne sais toujours pas ce que je suis venue y chercher si ce n'est des valeurs, un enrichissement personnel et professionnel. Fragile mais déterminée, pas plus courageuse qu'un(e) autre, chemin faisant je me construis, j'ai appris à m'adapter, à m'ouvrir aux autres car partir seule c'est aussi ça...

Et pourtant, le Bénin n'est pas l'Afrique dont j'ai rêvé.
Le Bénin fait parti de cet immense continent si riche et si complexe à la fois.
Je comprends qu'avec cette inexistence des saisons, ce soleil prédominant, cette curiosité et cette soif que j'ai à découvrir ce "nouveau monde" dans lequel je vie, que j'essaie de comprendre, décortiquer et ce bonheur que je prends à vous le raconter... vous pensez que je suis encore et toujours en vacances depuis mon départ !! Et pourtant...

Je m'y sens bien. Je n'y habite désormais plus en rêve...
Le voyage est fait de solitudes, d'interrogations, de questionnements, de turbulences.


C'est aussi ces moments choisis, quotidiens que j'ai envie de partager avec vous, à travers cette rubrique "Fragment de palabres ".

jeudi 8 novembre 2007

Nana Benz

Nous appelons Nanas Benz ces femmes africaines qui font l'aristocratie du commerce du pagne en Afrique noire. Je ne sais pas si ce nom est utilisé dans tous les pays, il l'est en tout cas au Bénin et au Togo. Actuellement les femmes méritant ce titre, venu des années 60, sont celles qui affichent leur réussite par l'achat de Mercedes-Benz, suffisamment rares dans le paysage pour être remarquées.
Il s'agit donc pour elles d'une véritable réussite économique.

mercredi 7 novembre 2007

L'après-midi du conte

Petite illustration à l'encre de chine,
pour un billet d'entrée.

lundi 5 novembre 2007

Quiétude et jacinthe d'eau


Samedi matin, les cheveux ébouriffée, la peau collée aux draps par la chaleur nocturne, je tente de m'extirper de mon lit, tant bien que mal. Le soleil vient de se lever aussi. Il fait beau, seuls quelques montons épaississent le ciel par endroit. Un jour comme on les aime pour aller flâner en pirogue, sentir le frais nous envahir, entre mangrove et jacinthes d'eau. Une tartine avalée, je sors dans le jardin et m'avance vers le portail.

Un petite tête, inconnue, dépasse de la porte bleue ciel.
"Vous vous souvenez de moi ??" dit-elle.
Je plisse les yeux, interrogateurs. M'approche jusqu'à découvrir un immense sourire et de grands yeux éveillés (eux).
"Ahhhh ouiii !! l'homme-volaille !!"
"Ahhhh !! ... encore lui..." me dit mon inconscient endormi.
L'homme-volaille m'interpelle plusieurs fois dans le mois... et me propose à chaque fois ses produits à chair rose emballés dans un sac plastique : LE poulet !!
Déclinant avec amabilité sa proposition, je m'engouffre dans le four à chaleur tournante qu'est ma voiture.
Fréjus me court après, un bouquet de fleur en avant.
Je file. Le rendez-vous est donné à 8h30, direction les Aguégués, au nord de Porto-Novo.

Les Aguégués. Cité lacustre.
Petit village sur pilottis.
La douceur de l'air semble caresser l'eau.
La pirogue glisse dans un liquide brun laiteux.
Les quelques rayons de soleil font briller le lac et apparaître quelques reflets bleutés. Assise sur une planche trahie par l'humidité, je plonge les poils de mon pinceau dans le lac avant de le ressortir et de le tremper dans mes pots d'aquarelle.
Les plantes semblent reprendre vie sous les gribouillages laissées par mon pinceau.

A peine le temps de tremper la plume dans le pot d'encre de chine que la pirogue se frayant un chemin parmi les jacinthes d'eau semble être freinée dans sa lente traversée. Lorsque je lève le nez de mon carnet de croquis, la pirogue s'est arrêtée à l'ombre d'une de ces petites maisons sur pilottis. Des maisons tenant étrangement sur l'eau, soutenues par de fragiles bout de bois. D'ailleurs les maisons en sont entièrement constituées. C'est incroyable ! A l'intérieur, le plancher laisse transparaître l'eau stagnant un mètre dessous. Le toit également constitué d'épais bouts de bois maintient les filets de pêche en l'air. Seuls deux fauteuils et une table en bois font office d'ammeublement. Une paillasse au sol sert de lit. Au mur : feu Bobby, feu grand-mère, feu Daddy posant dans un décor occidental préfabriqué, accrochés dans un joli cadre baroque doré !!

Dans ce même village lacustre, construit de la même façon : un hôpital, une école, une église...

Sur le chemin du retour j'avais le sentiment de faire parti d'un reportage de Thalassa ! Notre pirogue s'est mise a croiser d'étranges et non moins illégales cargaisons : celles de bidons d'essence venus du Nigeria...

mardi 16 octobre 2007

En pointillés...

Un programme. Une parution tous les deux mois. Un seul titre : "Programme".
Le programme du Ccf est toujours une course aux visuels, aux mots justes et aux articles que les artistes tardent toujours à nous livrer. "Oukoikan" était son petit nom d'origine, imprimé sur du papier brun recyclé. De cette période nous n'avons gardé que la bichromie. Le format s'est réduit, le contenu épaissi, le nom vulgariser.
Après de nombreuses démarches, essais et palabres, le directeur a consenti à me laisser carte blanche pour refondre ce petit livret culturel. Un peu d'ordre et de rigueur graphique, quelques pointillés, des filets et des aplats justement placés et voici ma première proposition ! Proposition adoptée ! Pari gagné !
Un choix typographique pour les titres, les chapeaux, les articles, les informations et les légendes. Une charte simple et lisible au premier coup d'œil était ma volonté... et les premiers retours furent convainquant !
Voici une double page en aperçu.


Le prochain numéro est dors et déjà en cours. Nous courons après les artistes et les visuels. Bientôt je vais courir après le temps qui va me manquer pour le boucler. Je vais courir après l'imprimeur qui me diras chaque matin "Il n'y a pas de problème !" Phrase culte en Afrique. En fin de compte le programme sera livré comme à son habitude, avec quelques jours de retard... et nous allons continuer à courir après les fautes d'impression, les pages dupliquées "par mégarde", les couleurs et les textes décalés ou superposés "par mégarde". Le programme deviendra une chasse au sept erreurs. Ainsi va la vie au Ccf en période de programme.

lundi 15 octobre 2007

Salutation

Ce matin, sur le chemin de l'école, les jeunes traînent leurs tongues nonchalamment en transportant leur cartable sur le haut du crâne. Le couturier installe sa vieille machine à coudre dans son atelier en taule ondulé. Les touaregs installent leurs bijoux en argent sur des tables en bois en me faisant un signe de la main. Les zems m'interpellent. Jahwajah, Rahwadjah et Ahwadjah la fraterie rasta me salut.

- Karine ! tu es là?
- Oui je suis là !! tu vas bien ?
- Ça va bien merci. Et toi ? comment ça va ?
- Hin (=oui en fon, l'une des nombreuses langues du Bénin),
ça va bien ! Et la famille ?
- La famille ça va, et chez toi ?
- Ça va. Et la santé ?
- Ça va bien, on remercie dieu, et ce matin ?
- Ça va. J'ai fais un peu ! Et toi tu es en train ?
- Oui je suis en train. Et dans l'ensemble ?
- On est là, on se défend.
- Allez bonne journée !!

... Et c'est ainsi à chaque rencontre !!!

mardi 9 octobre 2007

Bouillon Cube

Petit cube argenté, imprimé de rouge et de jaune : le bouillon cube est encré dans tous les esprits. Ces boîtes métalliques que l'on s'arrache dans les brocantes en France, sont emblématiques en Afrique, sur les marchés. Le bouillon cube est vendu dans la rue dans des petits sacs en plastique, par dix, ou à l'unité.
Le bouillon cube Maggi ©, ou encore Jumbo ©, fait parti du paysage visuel
africain ! Certaines épiceries vantent le petit objet culinaire en l'exhibant par des peintures murales colorées. Oignons, poivrons, carottes, aubergines et tomates sont souvent reproduits sur fond jaune et rouge aux côtés du logo "M" pour Maggi. L'intérieur de l'épicerie, bleu nuit, fait ressortir la publicité.


Inspiré par tout ce que pouvait apporter comme bouillonnement visuel ce petit cube, Bouillon Cube, association bouillonnante du sud de la France a choisi d'adopter son petit nom. De passage en Afrique pour poser leurs savates, ils sont venu monter un projet de clown avec quelques béninois. C'est avec beaucoup de bonne humeur que la petite équipe nous a présenté ce soir au CCF son spectacle.


Découpées dans une masse colorée, collées, les lettres deviennent images. Vivantes elles donnent du dynamisme au visuel. Skotcher une affiche dans l'affiche pour rendre à l'image son aspect d'affichage sauvage, théâtrale. Des points de couleur, en fond, grouillants comme pour rappeler le plus petit masque du monde : le nez rouge.

mardi 25 septembre 2007

1 message reçu

Voilà ce qui m'a fait sourire ce midi en recevant ce texto de MTN (le Orange ou SFR local) :

25/09/07 12:46
Avec le service Info Careme de MTN, recevez tous les jours les horaires de prière, de début et rupture de jeune.
Envoyez RAM au 3030 par SMS - Cout 300FCFA/semaine
xxxxFinxxxx

lundi 24 septembre 2007

Festival du film européen

Le Festival du film européen, manifestation annuelle au CCF, bat son plein en ce moment à Cotonou !!

Assis sur des chaises en plastique, ou autour du bar, nous attendons autour d'une bière béninoise ou d'un coca-cola que la projection commence. Cela se passe sous la paillote du CCF. Il fait frais. Les lumières du bar s'éteignent. Tanguy et Sylvestre cesse de cuire les frites, terminent les deux trois sandwichs pour les plus impatients. Le son crépite. L'image sautille...

Silence. Le film commence. Derrière moi ça discute. Un portable sonne au fond d'une poche. Ici pas de pop-corn mais cela n'empêche pas mon voisin de siroter bruyamment son jus d'ananas... trois rang derrière quelqu'un s'allume une cigarette. Je me tortille sur ma chaise dans tout les sens pour essayer de discerner le sous titrage... Le film a commencé il y a une demi-heure déjà... et tandis que certains se lèvent pour quitter la "salle" d'autres arrivent tranquillement.
Aller savoir !! Le cinéma est beaucoup plus vivant et chaleureux ici qu'à l'UGC !!

Quelques béninois courageux sont venus regarder la projection de mercredi soir, un film français ! Je dis "courageux" car à discuter avec eux le cinéma français n'est pas leur tasse de thé ! Ils aiment en général les films d'action... à l'américaine !! Seul Louis de Funès, apparemment, nous sauve la mise ici !!



Les lumières se rallument. Les gens vont rechercher une sucrerie (ce mot ne désigne pas un bonbon mais bien une boisson sucrée de préférence gazeuse) au bar. On discute du film. La lumière est douce.

Je repars les chevilles dévorées par les moustiques...

jeudi 20 septembre 2007

Petites images

Dès à présent vous allez pouvoir suivre mes aventures en images !!
Dans la rubrique "Ici et ailleurs" sur le côté droit, là ----------------->
vous trouverez le lien "Petites images" qui vous permettra d'accéder à mes photographies !

Bon voyage !

mardi 18 septembre 2007

Simonet, mécanicien-plasticien ambulant

Lorsque j'ai rencontré Simonet la première fois... c'était au Centre culturel français, dans mon bureau. En fait, ça n'était pas vraiment Simonet, mais les petits personnages métalliques à qui il donne vie. Ils étaient là, m'accueillant, posés sur une étagère ou un coin de table. Les êtres que Simonet confectionne sont d'étranges personnages. Oui oui ! Ces personnages énigmatiques sont bien des êtres ! Car à chacune de ses réalisations, Simonet organise une cérémonie d'installation cultuelle, une sorte de rite de sacralisation. Souvent il s'agit de représentations de dieux.

Simonet Biokou, l'artiste mécanicien-plasticien, je l'ai rencontré bien plus tard. Des yeux en amandes, un air malicieux, un archipel de colliers-gri-gri métalliques autour du cou et surtout... une 504 bleue marine aux fauteuils en velours rayés beige et chocolat, avec comme emblème un magestueux cheval en métal, vissé sur le devant du capot !! "La voiture africaine par exellence" me dit-il en souriant.

Le rendez-vous est pris pour le week-end suivant, à Porto Novo.
Porto Novo capitale du Bénin, ville résidence de Simonet, à 30 kilomètres de Cotonou. Je pars en expédition avec Ladis, mon ami artiste de "l'atelier en carton". Une expédition. J'ai bien cru que nous ne partirions jamais... mon pneu avant droit, une fois de plus, était dégonflé... La route est droite, jalonnée par une tonne de rond point ! Une "presque-autoroute".
Nous retrouvons Simonet et sa 504 devant le musée ethnographique. Je
suis subjuguée par l'architecture de Porto Novo !!
Une sorte de quiètude plane sur cette ville aux façades jaune, ocre, rouge, et vert lagon. Porto Novo la capitale à l'architecture coloniale et afro-brésilienne. Superbe !

Après une petite visite du musée, direction l'atelier de Simonet. Son atelier, et néanmoins habitation, est en construction. Les aglots sont apparants. L'atelier est au rez-de-chaussée sous une taule métallique. L'étage, futures chambres, sert aussi d'atelier... Sa femme prépare à manger, ses fils sont assis, calmes, sur les escaliers. Le paon est au centre de la cour, Ogun le dieu du Feu contre un mur, les musiciens accrochés avec un clou sur le mur d'en face. Simonet a une grande famille !!
Des instituteurs aux cheveux réalisés en bougies d'automobiles, des hommes d'affaires portant des cravates confectionnées grâce à une chaîne de vélo, un écrivain dont le corps est représenté par une plaque d'immatriculation jaune... Simonet n'est pas un artisan. C'est cette autre dimension dont je vous parlais qui l'en distingue. D'ailleurs, aujourd'hui il lui faut désormais acheter le matériel de récupération (essentiellement automobile) !! Autrefois on lui donnait gratuitement, presque par pitié, en se demandant ce qu'il pouvait bien en faire !! Depuis, on a compris, la prise de conscience du public a été rapide, étonnante et salutaire. Simonet a pu exposer en France et aux Etats-Unis entre autre.
Je prends quelques clichés pour la future exposition...

Nous reprenons la route, nos estomacs revendiquant leur droit à aspirer à un peu de réconfort.
Ce midi : porc grillé, piron (pâte) et Fizzy pamplemousse ("sucrerie" comme on appelle ici - boisson gazeuse sucrée). Nous avalons goûlument avec nos doigts gluants de pâte (eh oui pas de fourchette ici dans ce maquis !!). Un régal !

Avant de retourner sur Cotonou... nous partons visiter le jardin des plantes... seul endroit de verdure, à ma connaissance, dans le sud du Bénin... à part le jardin du CCF....
Le pneu de nouveau regonflé nous voilà partis...

Vendredi 14 septembre : Vernissage de Simonet Biokou au CCF.
Voici le carton d'invitation que j'ai réalisé.


J'ai choisi d'utiliser une photographie prise chez lui. L'ambiance est presque mystérieuse. La typographie reprenant la composition du
visuel : "Biokou" en gros et gras, comme le corps de la sculpture qui semble soutenir cette tête si minuscule... d'où un "Simonet" écrit en plus petit, et plus étroit. La couleur utilisé pour son nom est rouille.

L'exposition grouille de monde. On descend le pupitre réalisé par Simonet, et exposé, pour le discours. Des femmes sont là pour la cérémonie. Elles chantent. L'exposition est vivante...
comme ces œuvres !

mardi 11 septembre 2007

Quotidiens

"L'écrivain écrit ce qu'il peut, le lecteur lit ce qu'il veut" a écrit Jorge Luis Borges...

Et bien, il en est de même pour la presse béninoise.
Les journalistes écrivent ce qu'ils peuvent, quant à nous, lecteurs, nous faisons ce que nous pouvons pour comprendre le contenu de l'article.
Nous devons lire entre les lignes. La presse quotidienne est vide. Elle ne nous apprend rien !!
Or nous ne pouvons pas affirmer que ce pays est plus dénué d'actualité qu'un autre !?
Alors où est-elle ? Pourquoi est-elle si mal traitée !

D'autant plus qu'il y a pléthore de journaux !
La Nation, l'Option et le Matinal pour les plus sérieux, puis L'Autre Quotidien, Les Echos du Jour, Le Progrès, Adjinakou, et le Municipal pour ne citer qu'eux !

La plupart, mal imprimés, parlent du "changement".
On parle du "changement" partout dans les rues, au travail, sur les zems, au marché, dans les journaux... c'est le maître mot de Boni Yayi, le Président...
Bannir la corruption, reconstruire les routes... voilà de grands projets pour le Bénin !

Et parmi ce fatras de typographies colorées,

... ce dressent au milieu du journal, comme une pointe d'humour à notre regard : quelques articles répondant aux questions de lecteurs, un horoscope, des publicités pour des opérateurs téléphoniques qui ne marchent toujours
pas !









Seul le Canard enchaîné possède, à mon sens, un frère ici, au Bénin.
Il s'agit du Caméléon !

Rassemblant le gratin des caricaturistes béninois... ce journal est bien le seul à qui l'on ne pourrait pas reprocher de ne pas être précis, structuré, complet.

Bon... je ne comprends pas toujours les caricatures !! Non pas que les béninois n'ont pas d'humour... mais là je pense que cela relève de la différence et de la richesse de nos deux cultures !!


dimanche 9 septembre 2007

Essuire grace

Un essuire grâce.
n.m élément mécanique noir, apposé à la vitre de votre voiture pour essuyer les gouttes de pluie qui s'écrasent dessus.

(...)

Autrement dit : vos "essuie-glaces" !!!

Voilà la surprise linguistique qui a ensoleillée ma facture (du Garage l'Avenir) ce dimanche matin !!

jeudi 6 septembre 2007

L'atelier en carton

Ce midi, petite portion de la vie d'un ami artiste.

Ladis passe sa vie au CCF... et pourtant Ladis est un artiste de cette nouvelle génération qui se bat. Et se battre est un euphémisme ici pour un artiste-plasticien. C'est le parcours du combattant pour trouver un atelier, des pastels et de la peinture de qualité. Hier encore ses yeux pétillaient devant une boîte de pastels neufs ramenés de France par le directeur du CCF. Je vois encore cette boîte colorée posée dans un coin de son atelier.

Ladis m'a fait parcourir sous une chaleur étouffante tous les vons de Cotonou pour m'emmener découvrir son lieu de travail. D'ailleurs je crois bien que je ne pourrais jamais retrouver le chemin ! Son atelier tient dans un mouchoir de poche. Il est microscopique... et pourtant ces toiles sont immenses ! L'atelier est fait de planches en bois, de taules ondulées, de bric et de broc. Mes yeux ne savent plus où regarder. Le mur du fond est recouvert d'anciennes "enseignes murales" faites de typographies manuscrites. Des numéros de téléphones sont aussi inscrits. Peut-être un ancien couturier... A droite une table en bois recouverte de peintures, de pots contenants des pigments, de liants et diluants, de colles. Un vieux livre illustré sur le moyen-âge en France est ouvert. Une des gravures semble être reproduite dans un petit carnet tout à côté, au crayon. De vieilles photographies sont aussi accrochées. L'une dans un cadre doré représente Ladis et l'une de ces "nombreuses" conquêtes !! Un peu au dessus, sur une poutre en bois, deux tableaux naïfs. Ce sont des portraits. A gauche de l'entrée, un enchevêtrement de toiles de différents formats.
Ladis fait faire le châssis des toiles chez un menuisier de Cotonou. Ces tableaux sont posées dans la poussière, au sol. Ce sont souvent de grandes toiles au pastel. Les bleus et verts profonds qu'il utilise invite au voyage.
Rassasié de toutes cette richesse visuelle, mon estomac ne l'était pas moins...

Nous nous retrouvons, après quelques kilomètres de vons avalés, assis chez une tata qui sert du poisson. Les tables, du nombre de trois, sont poisseuses. Un cahier d'écolier, recouvert d'une image de Sainte Vierge, est posé sur l'une d'elle.



Dehors une autre table est occupée par un groupe de rappeurs qui s'agitent et chantent autour d'un Coca Cola. Le poisson est dur. L'atiéké froid...

A peine avalés, Ladis m'emmène dans un autre coin de Cotonou, dans un des locaux de la Croix Rouge. Des gens sont calmement assis. En face deux béninois debout discutent. La pièce est sombre... je discerne peu ce qu'il se passe. Ladis m'explique qu'on y répète une scène pour un film dont il fait également parti... le tournage est prévu pour octobre... si tout se passe bien...

Il est 15h. Je repars travailler. Ladis retourne travailler.

Je me suis promis de revenir dessiner son atelier... si je retrouve le chemin !! Ladis part à Paris fin octobre. Il est sur le point d'obtenir son visa et de trouver une résidence d'artiste dans le sud de la France.

lundi 3 septembre 2007

Errances...

Pas plus tard qu'hier une feuille blanche était encore collée au portillon du Centre Culturel Français.
Des caractères bâtons noirs imprimés indiquaient : "Le CCF fermera ses portes du 28 juillet au 4 septembre"...
Les portes du CCF closes : c'est tout un monde insoupçonné qui prend vie. Tout un monde de petits riens, vivants, grouillants, discrets, silencieux.

L'agitation quotidienne a laissé place à la solitude. Le cri des enfants semble s'être dissipé, recouvert par la pluie torrentielle donnant l'impression de vouloir prolonger son bail. Je suis seule. Toute seule. Dans mon bureau au fond du jardin.
Enfin presque seule... Certains oiseaux viennent déféquer juste devant ma porte... je vous vois derrière votre écran !! Moquez-vous !! Parce qu'ils pensent que leurs plumes si majestueuses leur donnent ce droit ?? Vous pensez peut-être que je vous parle d'un de ces merveilleux oiseaux exotiques ?? Eh bien non !! Ces méprisables oiseaux sont des paons. Ils viennent me narguer. Parfois je les vois s'avancer sur la pointe des pattes, le cou en avant, me regarder au travers de la porte vitrée. Avec leurs yeux interrogateurs, niais, redressant leur cou et leurs plumes, ils me regardent. Mais imperturbable... je poursuis mon travail.

Une autre fois, j'aperçois à l'autre bout de la pelouse grillée par le soleil, Bernard.
Bernard, le jardinier, perché en haut d'immenses jambes, au visage aussi long que ces-dernières et au regard rieur.
Il s'agite autour d'un arbuste avec véhémence. Avec ses rangers noires et son habit de travail marron. Je plisse les yeux... il porte aussi un masque, des lunettes de plongeur, et un pince nez... Interloquée, je quitte mon bureau et m'approche de lui...
"Eh Bernard ! Tu pars à la pêche, ou bien ??" (il faut toujours ajouter "ou bien" en fin de phrase, c'est ainsi)
Non. Tête baissée, Bernard tentait de déloger un serpent enroulé sur une branche, à peine visible. Peu rassurant tout ça...
Ah ce Bernard quel drôle d'oiseau !

Les fourmis ont aussi repris leur droit à l'intérieur des latrines.

Et Monsieur Thomas est là. Toujours. Monsieur Thomas est énigmatique.
Je ne sais rien de lui. Je le croise de temps à autre. Il est souvent assis sur une chaise à l'entrée du CCF... on encore dans une dépendance attenante à la grande scène. Toujours assis. Il fait presque parti des meubles, ici. Mais attention, il ne faut pas s'y méprendre... Monsieur Thomas a une place très importante au sein du CCF... Il n'est pas gardien, ni jardinier, ni chauffeur, encore moins technicien ou bibliothécaire... il est peu de chose. Monsieur Thomas est frappé par la folie. Il est seul, abandonné par ses enfants vivants en France... et a décidé d'élire domicile dans cette habitation de fortune. Il n'est pas rare de le voir un dimanche matin prendre sa douche avec le tuyau d'arrosage... Ce qui peut en surprendre plus d'un, pour les non initiés ! Mais les employés ont beaucoup de sympathie pour lui... et ont presque monter un "syndicat" pour ne pas le déloger. Sa "chambre" toujours rangée et propre est repeinte tout les ans... et cela fait quinze années !

mercredi 29 août 2007

Original Heidelberg, 1892


L'imprimerie de Haie Vive, près de la terrasse de Cadjéhoun.

La porte franchie, l'odeur des encres, forte et subtile à la fois vous surprend. Comme si chacune des couleurs était olfactive. Comme si le cyan avait sa propre odeur, ainsi que le magenta, le jaune et le noir. Les papiers s'amoncellent de-ci, de-là. Tantôt imprimés, tantôt tachés d'encre. La poussière vole. Il fait chaud. Je sens la sueur perler sur ma peau. De vieilles affiches tentent de s'accrocher aux murs, suspendues par de misérables morceaux de skotch jaune. Je plisse les yeux à chaque fois que je passe la porte. La lumière vient du fond de la pièce. Le bruit saccadé, répétitif presque agressif de la machine offset aussi. C'est une vieille machine noire, vivante, suintante, fumante, grasse. A cet instant où je l'approche, une multitudes de petites ventouses viennent chercher, aspirer le papier pour le faire passer en son ventre, sous de gros rouleaux.
Le papier réapparaît, sain et sauf, coloré, illustré.


Aujourd'hui je suis venue voir le livret et les cartons d'invitation que j'ai réalisé pour le Festival du film européen... Mon premier travail pour le Centre Culturel Français. Un peu anxieuse quant au résultat et à la qualité de l'impression, je jette un coup d'œil furtif sur les premières épreuves. On me tend un exemplaire... ce que nous pourrions qualifier de BAT (Bon à Tirer) chez nous. Ici il n'en n'est pas question. Les 300 cartons sont presque finis d'être imprimés.
Au dos du livret, le logo de l'Union européenne apposé prend des teintes violacées. Sur celui du carton d'invitation elle arbore ses belles couleurs d'origine... mais l'illustration que j'ai réalisé manque de magenta, elle a perdue en qualité... je vous passe ce monologue graphique qui risquerait de vous ennuyer fort... Après de longues palabres, le technicien me fait comprendre que bien que complexe, l'opération va s'avérer chirurgicale.
Lorsque je repasserai un peu plus tard, bien plus tard... -car la notion de temps n'est pas comme nous l'entendons chez nous : il faut toujours y ajouter quelques bonnes heures...voir jours...- le travail sera exécuté, avec ces quelques défauts... mais avec les moyens du bord.

Une expression récemment imprimée dans la mémoire des français depuis les élections... revue et corrigée... prendrait beaucoup plus de sens ici :
"En Afrique, tout est possible" !!

mardi 28 août 2007

Petite histoire...

Voici une idée originale et vivante de vous raconter une histoire.
Je l'ai volé à un ami, avec sa permission.
Cette histoire est une toute petite histoire. Il s'agit de celle que je construis au jour le jour, ici, à Cotonou... Cela me permettra de vous plonger encore un peu plus dans la complexité, la diversité, la richesse de cette expérience humaine !

•7h30•
Chaque matin diverses sonorités africaines m'extirpent de mon profond sommeil. Tantôt ce sont les ondes de mon radio-réveil qui passent du coupé-décalé, tantôt il s'agit du bruit des voisins qui balaient leur cour. Un geste répétitif, quotidien presque anodin que j'avais déjà remarqué au Mali. Ici on balaie la terre... sa cour ou encore les vons. Comme si on cherchait à rendre propre alors que la poussière virevolte dans l'air, sans cesse. C'est une chose que je ne comprends pas encore... surtout dans la rue...
Il m'arrive de ressentir une sorte de malaise au lever... mélange de bonheur et de nostalgie... Bonheur de réaliser ce que j'avais pu intimement rêver et nostalgie d'instants trop vite passés ici et ailleurs. L'odeur du café de mon colocataire ainsi que les quelques tartines à la confiture de goyave qui m'attendent me ramènent toujours à la douceur de cette réalité rêvé.



•8h•
Marguerite, une béninoise formidable, arrive pour s'occuper de l'entretien de la maison. Son mari est cuisinier dans une autre habitation. Nous n'en avons pas à la maison... ce qui n'est pas plus mal car cela nous laisse plus de liberté. Il est courant d'employer des béninois. Il m'a été difficile d'accepter l'idée d'avoir quelqu'un à la maison : un gardien qui vous lave la voiture chaque matin (ce qui provoque d'ailleurs toujours une inondation devant la maison...), une dame qui vous repasse le linge*... c'est une question de perception que l'on change quelque semaine après notre arrivée. On apprends. Cela permet de donner un travail à quelqu'un qui en a besoin. C'est mieux.

* il est obligatoire de repasser ses vêtements car certaines bêtes ont une fâcheuses tendance à pondre leurs œufs dans le linge humide... ce qui peut provoquer quelques démangeaisons par la suite sur la peau... !

•8h15•
Juste le temps de foncer voir mon voisin menuisier pour qu'il vienne m'installer une structure autour du lit. Je vais pouvoir enfin y accrocher une moustiquaire. Actuellement la climatisation de la maison ne marche plus, ce qui rend l'espace agréable aux moustiques. Et détrompez-vous : les moustiques vous mangent copieusement ce qui vous marque pour quelques jours !

•8h45•
J'arrive au Ccf. C'est bien calme. Trop. Vivement la rentrée ! Je ne manquerais pas de vous faire un petit papier sur les vacances au Ccf... ça vaut le détour !
Ce jour là le mécano est venu en milieu de matinée pour régler les phares de la voiture. Il semblerait qu'ici nous ayons besoin de leurs services assez régulièrement ! Je pense qu'à la fin de mon périple africain la mécanique n'aura plus de secret pour moi ! Ces derniers jours j'ai dû m'arrêter plusieurs fois chez le vulcanisateur pour regonfler les pneus !

•10h30•
J'ai rendez-vous à l'ambassade pour la réalisation de leur agenda 2008. Un agenda en cuir marron avec une reliure dorée... vraiment ringard...

•12h30•
Je vais souvent à la "cantine" au Champs de Foire où je retrouve amis et habitués. Les tatas me saluent, me sourient. Pour 600 FCFA soit moins d'un euro je me rempli pleinement le ventre. C'est convivial. Tout se passe en extérieur sous des paillotes, autour de tables en bois ou de jardin, en plastique.

•15h•
Je reprends la voiture pour retourner au bureau. A chaque carrefour : des vendeurs de journaux, de cartes de recharge pour le téléphone, d'horloges aux aiguilles dorées, d'essui-glasses, de chewing-gum, de mouchoirs, de machines à café des années soixante que le vendeur tente (tant bien que mal) d'épousseter...
Un joyeux bric-à-brac ponctué, malheureusement, par les éclopés, les manchots, les aveugles qui vous quémandent une petite pièce...

•19h30•
La journée se termine... et se termine toujours par une bonne douche pour se rafraîchir et se dépoussiérer un peu, par la visite impromptue d'un ami, par un repas de lasagne maison improvisé autour de bougies lorsqu'il y a "coupure", par un petit thé dans le patio !!

mercredi 22 août 2007

Fréjus, une ville, un bouquet.


Fréjus... petit gars accroché à son bouquet, ou peut-être l'inverse.
Fréjus se présente. Il se prénomme Fréjus comme la ville.
On le suit à la chansonnette... toujours la même : il s'appelle Fréjus comme la ville.
A moins que ce ne soit lui qui nous suive.
Quelques branches de bougainvillée jaune ou blanc, fragile, éphémère, délicat, noyées parmi une multitude de pétales colorées.
Quelques fleurs joliment assemblées, enroulées dans trois grosses feuilles vertes de bananiers.
Quelque part Fréjus vous attends toujours... il vous attend quand vous (ne) l'attendez (pas). Au coin d'une vons. Le sourire au lèvre. De ses grandes enjambées il vous rattrape le bouquet en avant. Le verbe légèrement écorché.
Fréjus fait parti de ces marchands ambulants qu'on aime croiser pour lui acheter un de ses bouquets, fraîchement cueilli... fraîchement fané. Qu'on aime croiser pour discuter. Fréjus fait parti de ces gens qui en fin de journée vous offre une composition fleurie parce que vous êtes là... alors que vous ne l'attendiez pas !

Il s'appelle Fréjus comme la ville.

vendredi 17 août 2007

Toyota yovo yovo cado !


Ce matin j'ai pris un malin plaisir à négocier sec le prix de la course en zem !
Par principe il faut toujours négocier. J'aime beaucoup négocier. Ca permet d'instaurer une discussion avec l'interlocuteur...bon ça peu prendre du temps... il faut pas être pressé... c'est un peu comme si chaque matin vous négociez le prix du ticket de métro avec un agent de la RATP !!!

Il m'arrive parfois de partir avec une certaine somme de FCFA au fond de la poche... moins que la moyenne... et de me dire : "Toi mon coco... je ne te payerai pas le prix yovo et encore moins le prix moyen béninois !!" ... par principe. Alors souvent, la réponse du kekeno*, surpris, est suivi d'un "Hé !?". Cette interrogation se prononce très aigu avec un hochement de la tête sur le côté. Alors on me répond : "Hé ?! Tu es française... c'est le prix français alors !!" C'est comme ça que je poursuis mon chemin jusqu'à ce qu'il me fasse un signe de la tête vers l'arrière du zem pour me dire "Allez monte, c'est bon..."

Après le slalom habituel entre les trous dans la route, les "Attention !! euh.. c'était rouge... argh !", les arrêts impromptus pour prendre de l'essence payo au bord de la route dans une bouteille en plastique... il y a les inconditionnelles questions. Le matin à l'arrière du zem qui fonce, mes yeux encore collés, j'ai droit à des "Tu es mariée (toujours répondre OUI à cette question cela évite des discussions interminables...) ? Ou es ton mari ? Tu fais comment pour le laisser en France ? Et..." et quand ce n'est pas sur mon statut marital c'est pour me demander si je peux les aider à avoir des papiers pour venir en France " Hé !? Tu as de la famille là-bas !?? Alors tu me laisses leur adresse !" Comme si la couleur de ma peau me permettait d'obtenir des pass à l'ambassade !! Aïe Aïe Aïe !

Et puis il y a les zem avec une moumoutte de lapin bleu sur le devant, près du guidon. Ceux dont leur seul rétro est : VOUS ! Ceux avec lesquels je tente quelques mots de fon (la langue locale)...et qui se plient en quatre, de rire, de m'entendre inverser les syllabes ! Ceux dont la plaque est immatriculée "Dieu est formidable" ! Bref... on pourrait écrire un roman sur eux !!

Je n'aurais plus ce petit plaisir quotidien car à mon grand bonheur (peut-être pas pour la sécurité de tous !) je viens d'acquérir ma toute première voiture !! Elle est rouge. C'est une Toyota Corolla. La seule marque de voiture qui n'oblige pas le garagiste à acheter les pièces au Ghana ou ailleurs en Afrique.
Bon la 504 ça sera pour plus tard ! Mon rêve serait de pouvoir remonter en France avec à la fin de mon contrat... si elle tient jusque là !! C'est pas gagné car comme j'ai pu vous le dire les voitures d'occasion ici sont des occasions d'occasions d'occidentaux... Elles arrivent par cargot au port de Cotonou pas toujours dans de très bons états !!

Quelques règles de conduites à savoir :
- c'est le plus fort qui a la priorité donc le 4x4.
- contrairement au rond-point français, le béninois, souvent en pneus ou baril n'a pas le même fonctionnement que chez nous. Ce sont les véhicules entrants les prioritaires !! Quelle idée !? C'est ainsi qu'on se retrouve avec des kilomètres de bouchons !!

*c'est ainsi que l'on interpelle le chauffeur de zem

jeudi 16 août 2007

Vodoun

La richesse culturelle du Bénin vient essentiellement de son lien au vaudoun.
Une série de portraits noir et blanc de vodounon ont été associés à leurs autels à la Fondation Zinsou.

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Proche du marché de Ganhi se trouve la Fondation Zinsou du nom éponyme de la famille qui est à l'origine de ce Centre d'art contemporain.
Ouvert en 2005, spacieux, on dit de ce lieu qu'il est l'un des seuls d'Afrique de l'Ouest. Beaucoup d'expositions s'y succèdent. Cette nouvelle approche nous permet, à nous, occidental aux milles préjugés, de porter un regard nouveau, original, critique ou insolite, et contemporain sur un art africain que l'on réduit souvent à de simples statuettes élancées en bois sculptées.

Il y a un peu plus de quinze jours, alors que le ciel était menaçant, une petite visite de la Fondation s'imposait ! On peut repérer ce bâtiment par sa blancheur et la modernité de son salon de thé !! C'est bien le seul à vendre du thé Mariage Frères au Bénin... mais à quel prix ??? 3000 FCFA (prononcez : "Francs CFA"-Communauté Financière Africaine-) les deux tasses !! Pour vous donner une petite idée : dans les maquis le thé est à 250 FCFA !!

Petite parenthèse à ce sujet. Les Africains vivants en dessous du Sahel n'ont pas cette culture du thé à la menthe, sucré, fort, convivial que j'ai pu trouver au Mali ou en Tunisie... à ma grande déception... En revanche nos papilles sont émoustillées par du thé... Earl Grey !! Quel bonheur !!

A peine le seuil de la Fondation franchi, six guides vêtus de rouge et nœud papillon vous accueillent pour vous commenter les œuvres exposées.



L'intérêt pour moi du sujet de cette exposition est qu'il s'agissait du VODOUN dont voici quelques petites explications.

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On dit du VODOUN qu'il trouve ces racines au Bénin. Cette religion animiste est un mélange de magie blanche à base de fétiches et de sacrifices. Chaque vodoun est chargé d'une tâche spécifique. La plupart du temps le Vodoun est craint en raison de ses pouvoirs puissants. Même les personnes les moins croyantes le craignent. Le mythe imprègne la réalité.

Le VODOUNON est le prêtre. C'est cet homme ou cette femme, choisi par l'oracle du Fa, qui va méticuleusement procéder à la confection d'un autel ou fétiche (représentation abstraite des divinités vaudoues) afin d'entrer en contact avec la divinité.

Il existe un "type" d'autel/fétiche par type de vodoun, de cultes.


C'est très étrange à voir. J'ai eu l'occasion d'en apercevoir au cours de périples à l'intérieur des terres. Le vodoun semble vous guetter, vous attendre au fin fond d'un petit village de brousse, au détour d'un chemin. Il est là, presque fondu dans la nature. Discret et surprenant à la fois. Simple étole blanche suspendue à une branche. Tas de terre sculpté. Poupées et casseroles entassées sous une hutte en bois. Paquets de cigarettes. Tout semble pouvoir devenir fétiche. On se surprend à se faire tout petit face au poids, au sens que ces objets du quotidien prennent subitement, à cette toute puissance... même si on n'y croit pas...
Je n'ai malheureusement pas encore eu l'occasion d'assister aux cérémonies accompagnées de chants, danses, offrandes (aux fétiches) qui permettent la communion entre l'initié et la divinité.

Mais il n'est pas incongru de croiser un revenant dans les rues de Cotonou... argh !

dimanche 12 août 2007

So sweet...

Petite boîte à gâteaux gras achetée au marché de Dantokpa...
Un graphisme de qualité ! Très old school !
J'aime beaucoup !!



...les gâteaux pas encore goûté !!

Djembé Live

"Mille Regrets aux Absents" est inscrit en lettres manuscrites sur ce tract.

Le Djembé Live en distribue tous les soirs à Cotonou car il s'agit d'un des seuls lieux où l'on peut écouter de la musique live de qualité. Ce lieu à l'ambiance décontractée, aux lumières tamisées accueille bien souvent la crème des musiciens locaux. Ces derniers faisant onduler le corps des jeunes béninois, athlétique, dégoulinant de sueur. Rythme jazzy, blues, soul, coupé-décalé ou percus... tout le monde y trouve son compte !
Samedi Soir Robinson Sipa est venu avec ses musiciens. Ambiance décontractée comme je vous le disais... tellement décontractée que les musiciens sont arrivés au compte goutte !
Ils ont fait une première partie. Sipa est arrivé ensuite et a commencé à "emflammer" la salle... puis un choriste est arrivé. Élancé, un large sourire, faisant claquer ses doigts et se déhanchant au son des percus. Sa voix se faisait à peine audible ! Les sons qui parvenaient à sortir de sa bouche paraissaient sortir en différés !! Que du show ! Comme ce béninois aux muscles saillants qui a investi la piste au bout de cinq minutes.... Une danse endiablée, lunette de soleil sur le bout du nez, petit marcel moulant, pantalon large... les muscles contractés... on avait presque l'impression d'assister à un cours de gym !!

Dehors la fête semblait se poursuivre... comme tous les soirs à Cotonou.

jeudi 9 août 2007

Dans le noir

19h30.
Fin de journée.

J'habite à Haie Vive, le quartier yovos (= étrangers) de Cotonou.
C'est temporaire...
Je préfère Cadjehoun, quartier voisin beaucoup plus populaire. Quartier regorgeant de petits commerçants au bord des vons.
De buvettes aux guirlandes lumineuses colorées suspendues. D'enfants qui s'agrippent à vos doigts en vous demandant comment vous vous appelez. De "Bonjour-bonsoir !"
Mais il vaut mieux prévoir les palmes et le tuba pendant la saison des pluies : les vons sont quasi impraticables !!

Haie Vive donc... plus calme, plein de restos, de supérettes occidentales où le prix du kilo de tomates est fixe...
et pas à négocier comme partout dans la rue !!
C'est moins fatiguant !
Ce soir là je voulais marcher un peu... ne pas prendre le zem... et paf ! Coupure !
Coupure d'électricité ! Très courant ici ! (il y a un jeu de mots là !! -rire-)
Le pays est alors baigné dans l'obscurité. Les enseignes lumineuses qui peuvent aider à s'orienter sont éteintes...
Seule source de lumière : le phare des véhicules, et les bougies le long des routes qui éclairent les tata qui vendent à manger.
Autre ambiance.

Il y a en effet des coupures d'électricité de 12h parfois !
Les habitations les plus chanceuses possèdent un groupe électrogène... pour les autres c'est bougies !
Le courant revient dans certains quartiers... quand d'autres plongent dans le noir !
Peut-être me faudrait-il habiter la vons derrière celle du Président Thomas Boni Yayi... c'est la seule qui reste éclairée !
Parce qu'il faut savoir que le Président ne réside pas à "l'Elysée locale"... Monsieur habite Cadjehoun !
Pour l'anecdote (je fais une petite parenthèse), quand le Président sort (ou rentre) de chez lui, toutes les routes sont coupées
avec toute une armada de voitures (pour tromper l'ennemi !) et de militaires. Il vaut mieux éviter de se trouver sur la voie à ce moment là...
Les militaires ont la main légère sur la gâchette ! Donc : être bien discipliné, se garer ou garer son zem sur le côté, et attendre !!!

Autre type de coupure... l'eau !!
Bon... c'est une habitude à prendre !!
La plupart des personnes, qui ont l'eau courante, réservent dans des sortes de grandes poubelles en plastique, de l'eau.
Ca peut dépanner !

Je vous laisse imaginer l'expédition pour prendre une douche sans eau et au moment où l'électricité se coupe... bon... lol

Pour finir, dernier type de coupure en vogue ici : le téléphone portable !
Les principaux opérateurs téléphoniques Moov et Areeba ont coupé leur réseau une semaine après mon arrivée...
pour cause de concurrence avec un opérateur sud africain... si j'ai bien compris.
Imaginez la tête des français si Sfr et Orange coupaient leur réseau respectif !
Ici... rien. Pas de mouvement de mécontentement. Pas de manifs... des rumeurs.
Apparemment il semblerait que se soit en négociation.
Tantôt on nous dit : "Demain !"
Tantôt on nous répond : "Dans six mois !"
Même les journaux restent évasifs.

Nous attendons...

mardi 7 août 2007

Bonne arrivée*



Le premier soir, arrivant à l'aéroport, la moiteur ambiante nous surprend, réveille.
Se réveiller comme si ces incroyables instants n'étaient que le prolongement d'un rêve.
Quelques secondes avant l'aterrissage, survolant quelques foyers de lumière, scrutant dans la pénombre omniprésente quelques instants volés... j'ai eu un moment de doute... La gorge nouée une fraction de seconde. Une montée d'adrénaline aussi...
Qu'étais-je en train de faire de ma vie ? Sans doute aucuns jours ne seraient semblables aux précédents, dès à présent...
Les roues de l'avion se sont posées sur la piste dans un tonnerre d'applaudissement.

*Salutation béninoise pour vous souhaiter la bienvenue lorsque vous arrivez dans un lieu.

vendredi 3 août 2007

Little Particules of Cotonou


Le temps s'écoule "doucement" comme on a l'habitude de dire ici... avec ces aléas, la lenteur de l'administration, des maquis (petits restos de rue), la palabre interminable des négociations avec les commerçants ou encore avec les policiers (sisi ! ici c'est le quotidien des yovos -étrangers blancs- de subir des contrôles de papiers surtout lorsque l'on est véhiculé !)...

Les semaines passent avec leurs lots de quotidiens et de surprises.
Surtout de surprises.
Toutes ces nouveautés quotidiennes, même les plus anodines, demandent de ma part beaucoup plus d'énergie.
Tout demande plus de concentration, d'attention qu'en France.
Par exemple le CCF me permet de rencontrer la majorité des artistes béninois !
Sympa me diriez-vous ! Seulement, et sans aucunes mauvaises pensées de ma part... je ne reconnais jamais personne !
Je les confonds : tous se ressemblent !

Il en est de même pour les vons (Voies Orientées Nord Sud) plus communément appelées "chemins" chez nous. En terre, sous l'eau pendant la saison des pluies, toujours ensablées, et reliant les avenues entre elles, aucunes ne possèdent de nom. Nous ne trouvons pas ici de repères géographiques bien distincts comme des immeubles. Rien ne peut accrocher notre œil pour nous repérer. Encore une fois tout se ressemble. Il n'y a pas non plus de centre "historique".

Le long des vons survivent des petits commercants. Vulcanisateurs (marchands et réparateurs de pneus), tanti ou tata (le nom respectueux que l'on donne aux dames commerçantes), peintres d'enseignes, vendeurs d'essence au litre dans des bouteilles en verre (essence importée du Nigeria en contrebande)...
Tous "cherchent" à être leur propre patron. C'est du "commerce de survie". Beaucoup de jeunes bacheliers (seulement 10% l'ont obtenu cette année au Bénin !!) se retrouvent sans emploi et sont obligés de se mettre à leur compte.
Ce qu'il fait qu'il existe encore ici plein de petits métiers qui ont disparu chez nous.

A cette ambiance locale vivante, colorée, dynamique y contribuent les zemidjans dits "zems".

J'ai rapidement appris à ouvrir les yeux à l'arrière de ces taxi-moto se faufilant à une vitesse hallucinante dans les embouteillages ! Après négociation, chaque matin, du prix de la course me voilà à l'arrière de ses chauffeurs à la chemise jaune. Je suis toujours impressionnée de croiser des zems avec 4 ou 5 passagers... ou encore avec des litres d'eau, des bagages à n'en plus finir !! J'ai également appris à descendre du côté gauche du taxi-moto.... afin d'éviter de me brûler le pied avec le pot d'échappement !! Eh oui !! C'est le lot de tous les nouveaux yovos !! Voilà !! Ainsi chaque jour j'ai ma dose d'émotions fortes et de gaz d'échappement !!

Arrivée saine et sauve au CCF, mon lieu de travail, j'ai une bonne dizaine de poignées de main à serrer au bar... avant de m'atteler au boulot. Il m'est difficile de travailler... le bureau de ma "coolègue", chargée de communication, et moi-même, donne sur le "jardin" du CCF. Nous sommes sans cesse "dérangées" par les artistes qui nous demandent de les aider pour remplir des dossiers, faire un blog, un logo, un scan... ou tout simplement pour dire bonjour ! Il m'est impossible de me concentrer !!!

D'ailleurs côté travail, comme je vous le disais il me faut ruser ! J'ai fait le tour des principaux imprimeurs de Cotonou... mais cela n'empêchera pas de faire fonctionner la photocopieuse pour les petites manifestations... Alors je cherche... j'expérimente le noir et blanc...
Je souhaite vraiment profiter de cette expérience africaine pour enrichir mon travail graphique.
J'absorbe comme une éponge tous les motifs de tissus que je vois au marché. Je reproduis méthodiquement le lettrage des enseignes peintes à la main. Je tente de saisir d'un coup de pinceau toutes les nuances de couleurs qui ponctuent mon chemin. Des vert tendres aux rouge vifs de la terre.
Je gribouille dans mes carnets de croquis dès que le temps me le permet... et je n'attends que ça !!
Ici le graphisme est peu développé. Outre leur dextérité à peindre sur de grands panneaux en bois de magnifiques scènes du quotidien pour vanter tel produit ou tel magasin, les affiches sont souvent mal fichues !



Garder son style tout en s'inspirant du "graphisme" local... sans tomber dans le cliché !! Apprendre des artistes locaux, de l'art utilisant des matériaux "recyclés" en particulier.

Vaste programme !

Mon premier travail a été de réaliser l'affiche d'une pièce de théâtre "La Secrétaire Particulière" écrit par le célèbre écrivain béninois Jean Pliya et mis en scene par des élèves d'Alougbine Dine grand homme de la scène artistique du Bénin.
Cette pièce est l'une des plus étudiée en classe au Bénin.
J'ai cherché ici à représenter ce que pouvait être à nos yeux une secrétaire africaine : avec des formes et le pagne !
De dos, afin de rester suggestif. La typo laissant suggérer le mouvement de la machine à écrire, de gauche à droite.
Le second travail a été de créer une affiche pour la programmation cinématographique estivale du CCF.
Ce mois-ci Louis de Funès est à l'honneur !
Je me suis amusée à reprendre des typos glanées au cours de mes pérégrinations pour concevoir le visuel.
J'espère que vous serez indulgent avec mes premières créations !! Nous referons le point dans quelques mois !! (rire)




La plupart des midi, quand je ne me fais pas inviter par un ami français à goûter la cuisine de son cuistot, je pars à la recherche des saveurs béninoises dans un maquis ou au bord de route. Les plats sont essentiellement constitués de pâte. Ce que l'on appelle pâte est toujours faite à base de maïs. L'amiwo est rouge à base de tomate. L'akassa est constituée de maïs fermenté (beurk...). La pâte est assez fade. Elle est souvent accompagnée de sauces... généralement pimentée. On reconnaît d'ailleurs le degré de piment aux gouttes de sueurs qui perlent sur le front des gens !! Sinon beaucoup de riz, de poissons grillés, d'aloko (bananes frites), de jus d'ananas, de spaghetti, de fromages peuls, de couscous, ou de poulets-bicyclette. Ne me demandez pas pourquoi ce nom stupide !! Au Burkina on l'appelle poulet-télévisé car les gens le regardent cuir dans une rôtissoire vitrée !! Il est courant de manger avec les doigts. Il y a d'ailleurs souvent sur un coin de table une cuvette d'eau et du savon pour se laver les mains ! Tous ces plats sont souvent dans des sortes de glacières sur une table en bois. Il faut demander à la "tanti" de soulever chaque couvercle pour faire son choix...

Les week-end sont fait de rencontres, d'excursions et d'aventures !!
Outre la plage le long de la route des pêches, bordées de cocotiers, il y a tant à découvrir !!
A part la fête de l'ambassadeur le 14 juillet, pathétique soirée trop convenue à mon goût...
Les béninois se jettent sur la nourriture française (rien d'exceptionnel : fromage, saucisson).
Et les français (quelques-uns... heureusement) s'affublent de boubous, de pagnes ou encore de tresses africaines pour montrer qu'ils sont "bien" intégrés !! Le mauvais goût par excellence à mon sens !! Le plus drôle c'est de les voir partir à l'aéroport, en groupe, djembé sous le bras ! Un vrai défilé !!

Ces derniers week-end, je suis donc partie hors des circuits touristiques avec quelques amis.
Sortir de Cotonou devient une vraie aventure : ne pas rouler de nuit pour éviter les coupeurs de routes, éviter les trous dans la route, les camions qui déboulent et que l'on retrouve parfois allongés sur la voie un peu plus loin, ceux qui n'allument pas leur phares la nuit, dépasser les vieilles 504 surchargées qui n'avancent pas, ne pas écraser les gens qui traversent les champs de maïs lorsque l'on roule à 120 kilomètres heure...

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La suite très bientôt....



Abomey et son palais des rois, le marché de Dantokpa (le plus grand d'Afrique de l'Ouest) et son marché aux fétiches, la fondation Zinsou, les villages de brousse, le sodabi et l'orphelinat à qui nous nous apprêtons à donner un peu d'aide...